En juillet, le verdict de culpabilité prononcé par ce même tribunal avait suscité une levée de boucliers d'organisations de défense des droits de l'Homme qui dénonçaient une justice politique au moment où de plus en plus de Hongkongais ont l'impression que Pékin durcit sa mainmise sur l'ex-colonie britannique.
Lundi, la juge June Cheung a cependant observé que les trois prévenus, Joshua Wong, Nathan Law et Alex Chow n'avaient aucun antécédent judiciaire et que leurs motivations étaient politiques et sociales.
"Le tribunal considère que cette affaire n'est pas une affaire criminelle ordinaire", a déclaré la magistrate. "Je reconnais qu'ils tentaient sincèrement d'exprimer un point de vue."
Il serait "injuste pour les prévenus qu'une peine dissuasive leur soit imposée en raison d'un climat politique".
Joshua Wong, 19 ans, avait été reconnu coupable d'avoir participé le 26 septembre 2014 à un rassemblement illégal pour avoir escaladé, avec d'autres étudiants, des barrières métalliques et être entré à Civic Square, une place située dans un complexe gouvernemental.
Cette action avait déclenché des manifestations plus importantes; et deux jours plus tard débutait le mouvement prodémocratie de masse, quand la police avait tiré du gaz lacrymogène dans la foule qui s'était protégée à l'aide de parapluies.
Alex Chow, 25 ans, et Nathan Law, 23 ans, autres figures de proue du mouvement, ont également été reconnus coupables, le premier pour avoir participé à la manifestation en question, le second pour avoir incité ses camarades à le faire.
M. Wong et M. Law ont écopé de travaux d'intérêt général. M. Chow, qui avait demandé à échapper à une telle peine en raison d'un projet d'études à l'étranger, a été condamné à trois mois de prison avec sursis.
Les trois étaient passibles de deux ans de prison.
Avec l'échec de cette mobilisation contre Pékin, la colère et la frustration a gagné du terrain parmi les jeunes militants.
Depuis, Alex Wong et Nathan Law ont créé un nouveau parti, appelé Demosisto, qui réclame l'autodétermination de la région semi-autonome chinoise. D'autres militants vont jusqu'à exiger l'indépendance.
Les trois prévenus ont salué la décision rendue lundi par la juge.
"Le tribunal a entériné le fait que le Mouvement des parapluies et le fait d'entrer à Civic Square n'avait aucun intérêt personnel mais visait à défendre le bien commun", a déclaré M. Wong.
M. Law a réaffirmé de son côté que les trois oeuvraient pour "la justice, l'intérêt de la société et droits civiques de la population".
La juge "a envoyé un message appelant au respect de ces droits", a-t-il dit.
De son côté, l'organisation Human Rights Watch a fustigé le fait que la justice hongkongaise n'ait pas classé l'affaire, en y voyant une "violation de la liberté d'expression et de réunion".
Les ONG avaient exprimé leur stupeur le mois dernier après l'annonce du verdict de culpabilité. Amnesty y avait vu "un message qui fait froid dans le dos pour la liberté d'expression et de manifester pacifiquement".
D'après les termes de l'accord sino-britannique sur la rétrocession, Hong Kong -rentré depuis 1997 dans le giron chinois- jouit de libertés inconnues ailleurs en Chine continentale, en vertu du principe "Un pays, deux systèmes", en théorie jusqu'en 2047.
Beaucoup ont cependant le sentiment que ces libertés sont en train de s'éroder.
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