Une jeune fille mineure, témoin des affrontements, s'exprimant au mégaphone devant les personnes rassemblées, a indiqué que la rixe avait éclaté alors que plusieurs femmes qui se baignaient en burkini étaient prises en photo par des touristes. Des insultes ont été proférées par un groupe de jeunes gens d'origine maghrébine, selon la jeune témoin.
Plusieurs hommes plus âgés, d'origine maghrébine, sont alors arrivés, munis de hachettes, s'en prenant à un groupe de jeunes gens corses, âgés de 15 à 18 ans qui étaient sur la plage, selon ce témoignage. Des parents des jeunes gens sont à leur tour intervenus et deux d'entre eux ont été blessés avec des harpons, a indiqué la jeune fille.
"Le ton est monté", "les gens du village sont descendus", a ajouté la jeune fille selon laquelle les pneus de plusieurs de leurs voitures ont été crevés par des femmes magrébines tandis que les villageois ont renversé une voiture et incendié deux autres véhicules appartenant à des membres de la communauté maghrébine.
Cent policiers et gendarmes ont été envoyés sur place pour ramener le calme. La section de recherches d'Ajaccio a été saisie de l'enquête.
"Vous n'avez qu'à venir nous voir à Lupino", un quartier périphérique, populaire et métissé de Bastia, aurait lancé l'une des personnes d'origine maghrébine.
En fin de matinée, dimanche, les manifestants ont été reçus à la préfecture de Bastia. A la sortie, dans une ambiance très tendue, la foule a crié "aux armes, on va monter parce qu'on est chez nous" et s'est dirigée vers le quartier Lupino, dont les gendarmes mobiles ont bloqué l'entrée.
Peu après les manifestants sont allés jusqu’à l'hôpital où un jeune homme d'origine maghrébine, blessé samedi, est hospitalisé. Des CRS venus en renfort se sont positionnés à proximité et ont fait usage de gaz lacrymogènes après avoir été la cible de projectiles, a constaté une journaliste de l'AFP.
- "Appel au calme" -
Quatre personnes ont été blessées, dont une femme enceinte lors des incidents, avait annoncé samedi soir le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve précisant que leur pronostic vital n'est pas engagé.
Selon France 3 Corse, en tout 5 personnes ont été blessées lors de la rixe, deux Corses et 3 Maghrébins dont l'un est en état d'urgence vitale.
Dès samedi, le ministre de l'intérieur a condamné "avec force ces violences" et "assuré de la mobilisation de ses services dans le cadre de l'enquête" judiciaire "pour faire la lumière sur ces faits intolérables et interpeller les auteurs".
Le président du Conseil Exécutif de Corse Gilles Siméoni et celui de l'Assemblée de Corse, Jean-Guy Talamoni, ont lancé un "appel au calme et au refus de toute réaction inappropriée" condamnant "les comportements provocateurs et des actes violents de la part de personne extérieures à la commune", accompagnés "selon les témoins d'une revendication explicitement communautariste".
Dans un tweet, le président du conseil départemental de Haute-Corse, François Orlandi a demandé que cette "agression inacceptable" soit "sanctionnée". Mais "l'appel au calme et au sang-froid est nécessaire pour éviter que les amalgames stigmatisent toute une communauté qui souhaite vivre en paix dans une île où elle travaille depuis des décennies et où, souvent, ses enfants sont nés", écrit-il.
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