Des barreaux aux fenêtres, des portes grillagées, un couloir interminable et des sanitaires partagés: les 20 "chambres" de l'hôtel-auberge de jeunesse Celica (cellule, en slovène), à Ljubljana, conservent un indéniable charme carcéral.
Situé non loin du centre-ville, le bâtiment a servi de prison militaire pendant plus d'un siècle, de sa construction par l'occupant austro-hongrois en 1882 jusqu'à l'indépendance de la Slovénie de la Yougoslavie communiste en 1991.
Il est alors sauvé de la destruction par un collectif de squatters et d'artistes, qui réinvestissent les lieux à leur façon et finissent par y ouvrir cet établissement hors du commun en 2003.
"Le concept a été de redonner, par l'art et l'architecture, une nouvelle énergie à un espace d'enfermement et de le transformer en son exact opposé, un endroit de liberté et de rencontres", résume Tanja Lipovec, l'une de ses responsables.
Si quelques symboles pénitentiaires ont été maintenus, les cellules ont toutes été décorées de façon sophistiquée par des designers locaux et étrangers, chacune avec un aménagement unique.
- Cosmopolite et bariolé -
Contrairement à une vraie geôle, les clés sont bien entendu remises aux occupants. Mais "on ne peut pas choisir sa cellule selon ses goûts, de même que les prisonniers ne le pouvaient pas jadis", souligne l'établissement.
La formule séduit. Devenu un incontournable dans la petite capitale slovène, pour y séjourner ou juste pour y prendre un verre dans un cadre cosmopolite et bariolé, Celica ne désemplit guère. Et pas seulement à cause de ses prix modérés (de 18 à 33 euros le lit).
"Le cercle de nos clients dépasse celui des voyageurs jeunes et à petit budget, nous touchons aussi des gens qui recherchent autre chose", souligne Mme Lipovec.
Toujours géré de façon associative par une organisation d'étudiants, l'hôtel s'enorgueillit en effet d'avoir été labellisé pour sa sobriété énergétique, son recours au recyclage des matériaux et la priorité accordée aux circuits courts dans ses approvisionnements.
Minjae Kwon, un étudiant en économie coréen âgé de 22 ans, ne regrette pas d'y avoir posé son sac à dos sur les conseils d'un ami: "C'est une chance de pouvoir loger ici", estime-t-il.
Russel Pineda, un Californien de 28 ans, est également ravi: "Le fait de savoir que c'est une ancienne prison et de voir comment elle a été transformée en auberge de jeunesse, c'est bluffant. Passer une nuit ici, c'est génial !"
Et pour ceux à la recherche d'un frisson supplémentaire, l'hôtel a conservé au sous-sol, dans leur état d'origine, deux minuscules cellules d'isolement naguère destinées aux prisonniers récalcitrants. Mais aucun visiteur ne songe à passer ses vacances dans ces réduits sans lumière, sans fenêtre et sans chauffage.
"Il y a trois ans, un ancien prisonnier est venu à l'occasion de nos dix ans d'activité. C'était un moment plein d'émotions diverses pour lui", relève Mme Lipovec.
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