Dans un article intitulé "L'anniversaire" publié vendredi soir dans la presse d'Etat, le père de la révolution cubaine, retiré du pouvoir depuis 2006 pour raisons de santé et au profit de son frère Raul, a rappelé les tentatives répétées de Washington pour l'assassiner quand il dirigeait Cuba.
"J'ai presque ri face aux plans machiavéliques des présidents américains", a assuré celui qui, d'après les services de renseignement cubains, a été la cible de 634 complots entre 1958, un an avant son arrivée au pouvoir, et 2000.
Il a aussi reproché à Barack Obama d'avoir manqué de "hauteur de vue" au cours de sa visite historique en mai à Hiroshima.
"Le discours du président américain au Japon était dépourvu d'excuses pour le massacre de centaines de milliers de personnes à
Hiroshima, même s'ils (les Etats-Unis) connaissaient les effets de la bombe", a déclaré Fidel Castro, dont l'anniversaire ne donne généralement lieu à aucune cérémonie officielle.
Parallèlement, le "Comandante" a rendu un hommage appuyé aux "grandes puissances" que sont la Chine et la Russie, dont le président, Vladimir Poutine, a souhaité "bonne santé, longévité, vitalité et prospérité" à son "cher ami" cubain.
Samedi après-midi, Fidel Castro est apparu en public, pour la première fois depuis avril, au côté de son frère Raul et du président vénézuélien Nicolas Maduro, son principal allié en Amérique latine.
Vêtu d'une veste de survêtement blanc et d'un pantalon sombre, Fidel Castro a été vu en train de discuter avec M. Maduro lors d'un gala organisé par une compagnie de théâtre pour enfants dans la salle de spectacles Karl Marx à La Havane, selon des images diffusées en direct par la télévision locale.
- Plus présent que jamais -
Depuis des semaines à Cuba, une multitude d'affiches à son image rendent hommage à l'un des hommes les plus influents et les plus controversés du 20e siècle: à 85 ans, Fidel Castro reste plus présent que jamais sur l'île.
A Cuba, "Fidel c'est tout, c'est le sport, la culture... c'est la rébellion. Le Cubain est rebelle à cause de Fidel", s'enflamme Manuel Bravo, vitrier de 48 ans, face à l'un des nombreux bâtiments de La Havane sur lequel on peut lire le slogan: "Fidel, 90 ans et bien plus".
Fidel, c'est l'homme qui a instauré un régime socialiste à parti unique, fortement critiqué sur la scène internationale pour les nombreuses violations des droits de l'homme.
Mais c'est aussi celui qui a apporté santé et éducation gratuites à des millions de Cubains, en grande majorité pauvres.
Elle est loin, l'image de l'impétueux guérillero entré triomphalement à La Havane en 1959: aujourd'hui, c'est un vieil homme à la barbe blanchie, diminué par une sévère crise intestinale il y a quelques années, qui vit retiré dans sa maison de La Havane, où il ne reçoit que de rares visites de personnalités.
Lors de sa précédente apparition publique, le 19 avril à la clôture du Congrès du parti communiste cubain, il avait admis, la voix tremblante: "Bientôt j'en aurai fini comme tous les autres. Notre tour viendra à tous".
Pas de quoi émouvoir ses plus fervents opposants, qui n'ont pas oublié les années de répression.
"Il restera comme un dictateur", tranche Marta Beatriz Roque, dissidente de 71 ans interrogée par l'AFP.
Et, même éloigné du pouvoir, Fidel Castro continue d'exercer "une influence indirecte à travers certaines figures du régime, qui sont mal à l'aise avec les réformes de Raul", explique à l'AFP Kevin Casas-Zamora, professeur de sciences politiques à Oxford.
Sa seule présence physique sert de "rempart contre les réformes économiques et politiques les plus agressives", estime-t-il.
Mais Fidel n'a pas pu empêcher l'un des changements les plus radicaux survenus sur l'île: le rapprochement diplomatique historique entamé en 2015 avec les Etats-Unis.
Publiquement, l'ex-dirigeant ne s'est pas opposé à cette réconciliation, mais il est resté ferme dans ses positions: "Nous n'avons pas besoin que l'empire nous fasse cadeau de quoi que ce soit", écrivait-il en mars, une semaine après la visite de Barack Obama.
Une attitude qui continue de susciter une certaine admiration dans la région: "Pour la majorité des Latino-Américains, Fidel Castro représente la résistance héroïque à l'hégémonie américaine", note Peter Hakim, du groupe de réflexion Inter-American Dialogue à Washington.
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