Les enquêteurs ne privilégient pour l'heure aucune piste, mais la junte pointe du doigt celle d'un "sabotage local" plutôt que la main du terrorisme international.
Au total, entre jeudi et vendredi, onze bombes ont explosé à travers cinq provinces du sud de la Thaïlande, notamment dans les stations balnéaires de Hua Hin et Phuket, faisant quatre morts dans ce pays très touristique. Parmi les blessés, dix sont des touristes étrangers.
"Aujourd'hui, la police va se concentrer sur le renseignement et la surveillance", a annoncé le général Pongsapat Pongcharoen, chef-adjoint de la police nationale.
Des analyses ADN des échantillons prélevés sur les lieux des explosions sont aussi en cours.
"Des interrogatoires ont eu lieu hier, mais aucun suspect n'a été interpellé" jusqu'ici, a ajouté le porte-parole de la police, Piyapan Pingmuang, interrogé par l'AFP, démentant des rumeurs faisant état de l'arrestation d'un suspect.
S'il s'est refusé à donner plus de précisions concernant les personnes interrogées jusqu'ici, il a toutefois confirmé que les 11 bombes artisanales déclenchées jeudi et vendredi "sont toutes liées".
"C'est l’œuvre d'un réseau", a-t-il insisté.
Les pistes évoquées par les experts vont d'une possible vengeance de l'opposition politique (dans un climat de forte répression des libertés depuis le coup d'Etat de 2014) à une attaque sans précédent des séparatistes musulmans de l'extrême sud du pays.
Par ailleurs, les autorités ont demandé le renforcement de la sécurité samedi à travers l'ensemble du pays, mettant l'accent sur les lieux publics, gares ou aéroports.
- Impact sur le tourisme -
Hua Hin, station balnéaire située à 200 kilomètres au sud de Bangkok et lieu de villégiature de la famille royale, a été la plus touchée, avec deux double-explosions ayant fait deux morts.
Samedi matin, à Hua Hin, la vie semblait revenir à la normale.
Mais les professionnels du secteur du tourisme s'inquiétaient de la peur des touristes étrangers.
"J'ai peur que l'activité ralentisse. Ce matin, il y a moins de monde pour le petit-déjeuner. Je pense qu'ils sont tous partis", s'inquiétait Nai Amporn, propriétaire d'un restaurant de plage à Hua Hin, interrogé par l'AFP.
Ces attaques mettent en effet sur la brèche la junte militaire, qui a fait de la sécurité et du retour au calme sa plus grande promesse, après des mois de manifestations et de violences de rue avant le coup d'Etat de mai 2014.
Les poseurs de bombes ont touché les généraux là où ils savaient que cela leur ferait le plus mal: le tourisme, secteur-clé sur lequel la junte compte pour redresser une économie atone.
"Toute l'opération visait une chose: l'économie du tourisme. Cela va avoir un impact significatif sur la saison touristique dans le sud cette année jusqu'à début 2017", estime Anthony Davis, spécialiste des questions de sécurité pour IHS Jane's.
La presse thaïlandaise titrait d'ailleurs samedi sur l'impact sur ce secteur qui représente plus de 10% de l'économie.
Des agences de voyage suisses, notamment Kuoni, ont d'ores et déjà annoncé que leurs clients ayant réservé des voyages en Thaïlande prévus avant le 15 août pourraient annuler et être remboursés, selon la RTS.
L'attentat d'août 2015 à Bangkok, qui avait fait 20 morts, dont de nombreux touristes chinois, avait eu un impact sur la fréquentation touristique.
Celle-ci avait néanmoins repris après quelques mois.
Cela n'avait pas empêché la Thaïlande de recevoir au final près de 30 millions de visiteurs en 2015, un nouveau record.
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