Un régiment russe basé en Crimée, péninsule ukrainienne annexée par la Russie en 2014, "a reçu le système de défense S-400 Triumph", selon un communiqué militaire cité par les agences de presse russes.
Ce déploiement était attendu, un haut responsable russe ayant annoncé le mois dernier l'installation en août de S-400 en Crimée.
Mais il intervient à un moment où le ton est monté entre Moscou et Kiev, avec les accusations les plus graves échangées depuis des mois, ce qui inquiète la communauté internationale, et il s'agit d'un des plus forts accès de fièvre dans les relations entre Moscou et Kiev, à couteaux tirés depuis l'arrivée au pouvoir de pro-occidentaux en Ukraine début 2014.
L'annexion de la Crimée a été suivie par un conflit dans l'est de l'Ukraine avec des séparatistes prorusses appuyés, assurent Kiev et les Occidentaux, par l'armée russe, qui a déjà fait plus de 9.500 morts.
A l'origine de cette nouvelle crise, les services de renseignement russes (FSB) accusent Kiev d'avoir envoyé en Crimée des groupes de "saboteurs-terroristes". Selon Moscou, un agent du FSB et un militaire russe ont été tués dans des affrontements armés avec ces derniers.
Le Premier ministre russe Dmitri Medvedev a estimé qu'il s'agissait là d'un "crime contre la Russie et le peuple russe" et affirmé que le président Vladimir Poutine pourrait rompre les relations diplomatiques avec l'Ukraine s'il n'y avait pas d'autres "moyens d'influer sur la situation"
Kiev, qui a placé ses troupes en état d'alerte rouge le long de la ligne de démarcation avec la Crimée et dans l'Est, a rejeté ces accusations et répliqué vendredi à l'intention de Moscou, par la voix du ministère de la Défense, que "L'ennemi prévoit des provocations de masse le long de la ligne de front dans l'est de l'Ukraine, qui seront suivies d'accusations selon lesquelles la partie ukrainienne ne respecte pas les accords de Minsk".
Vladimir Poutine a jugé que, dans ce contexte, une nouvelle rencontre prévue pour début septembre au "format Normandie", c'est-à-dire avec le président ukrainien Petro Porochenko, le président français François Hollande et la chancelière allemande Angela Merkel, n'avait "aucun sens".
C'est par cette médiation qu'avaient été conclus en février 2015 les accords de Minsk pour un règlement politique du conflit, qui n'ont abouti jusqu'à présent qu'à une baisse d'intensité des combats dans l'est de l'Ukraine.
- Situation "très alarmante" -
Face à ce regain de tensions, les Etats-Unis se sont déclarés jeudi "extrêmement inquiets" et ont appelé les deux camps à éviter toute "escalade".
Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault a également souligné "l'importance pour l’Ukraine et la Russie de résoudre, par le dialogue, les récentes tensions au sujet de la situation en Crimée".
C'est "un nouveau pas vers la sortie de la logique du processus politique et un pas vers la logique d’un affrontement militaire", a déclaré de son côté à l'AFP le représentant spécial du gouvernement allemand pour la Russie Gernort Erler. "Tout cela est très alarmant".
Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a quant à lui appelé les Occidentaux à mettre en garde Kiev "contre des mesures dangereuses qui pourraient avoir les conséquences les plus négatives".
Dans ce contexte, l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), qui surveille l'évolution de la situation en Ukraine, a annoncé vendredi avoir augmenté le nombre de ses observateurs au niveau de la frontière avec la Crimée.
Au cours d'une séance à huis clos du Conseil de sécurité de l'ONU, l'Ukraine a demandé à la Russie de fournir des preuves pour étayer ses accusations, également mises en doute par les Etats-Unis et l'Otan.
Et vendredi, le secrétaire du Conseil de sécurité nationale ukrainien, Olexandre Tourtchinov, a exposé une toute autre version des faits, affirmant que Moscou cherchait à "couvrir" des fusillades au sein des forces russes qui, "traditionnellement, abusent de l'alcool".
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