Tandis que la Russie accuse l'Ukraine de vouloir déstabiliser la Crimée en y envoyant des groupes armés, ce que dément Kiev, la communauté internationale appelle les deux pays à éviter toute escalade, craignant que le conflit ukrainien ne reprenne.
De quoi s'accusent Moscou et Kiev?
Les services secrets russes (FSB) ont affirmé mercredi avoir arrêté des "saboteurs-terroristes" ukrainiens chargés de commettre des attentats, à l'issue d'affrontements armés ayant fait deux morts, selon Moscou, un agent du FSB et un militaire russe.
Le président Vladimir Poutine a aussitôt accusé les autorités ukrainiennes d'être "passées à la terreur" dans le but de déstabiliser la Crimée.
Kiev a démenti ces accusations et estimé qu'elles servaient de "prétexte à de nouvelles menaces militaires".
L'armée ukrainienne a été placée en état d'alerte maximal le long de la ligne de démarcation avec la Crimée et l'Est ukrainien, où les affrontements avec les séparatistes prorusses ont fait plus de 9.500 morts depuis avril 2014.
La télévision russe a diffusé des images d'explosifs saisis et d'un homme présenté comme un agent ukrainien arrêté.
Kiev affirme de son côté qu'il a été enlevé en Ukraine et que toute l'histoire a pour origine des soldats russes ivres qui ont fait usage de leurs armes.
Quel est l'intérêt de Moscou ?
A la suite des déclarations de Vladimir Poutine, certains ont craint que Moscou ne saisisse cette occasion pour déclencher une opération militaire et créer un couloir terrestre entre la Russie et la Crimée.
Mais pour le politologue Alexandre Baounov, du centre Carnegie de Moscou, une telle hypothèse "contredit la logique" actuelle de la Russie qui, fragilisée par une crise économique, souhaite normaliser ses relations avec les Occidentaux et voir levées les sanctions européennes et américaines.
Le Kremlin semble surtout chercher un nouveau levier pour peser davantage sur les négociations en vue du règlement de la crise ukrainienne, au point mort depuis la conclusion des accords de Minsk en février 2015, selon l'expert.
"La Russie est clairement en train d'utiliser ce qui s'est passé en Crimée pour souligner auprès des Occidentaux que les dirigeants ukrainiens refusent tout compromis", estime M. Baounov.
A quelques semaines des élections législatives russes de septembre, cet expert juge que Moscou pourrait aussi chercher à ranimer le patriotisme des habitants de cette péninsule, mis à mal par les pénuries ayant suivi son annexion.
Quel est l'intérêt de Kiev ?
Pour l'Ukraine, recourir à la force militaire pour récupérer la Crimée est illusoire, soulignent les experts.
"La dégradation de la situation n'est pas dans l'intérêt du gouvernement ukrainien", insiste Vadym Karasyov, directeur de l'Institut des stratégies mondiales à Kiev.
Pourtant, pour la première fois en deux ans dans la capitale ukrainienne, "on a recommencé à parler de l'éventualité d'une guerre", remarque Volodymir Fesenko, à la tête du centre d'études politiques Penta.
Pour M. Baounov, le brusque regain de tensions peut permettre à Kiev de remettre la Crimée au coeur des négociations, alors que les Occidentaux concentrent leurs efforts sur le conflit dans le Donbass, dans l'est de l'Ukraine.
"Moscou a réussi assez rapidement à séparer les questions du Donbass et de la Crimée", souligne le politologue. "Et le moment où ces deux questions peuvent être de nouveau liées pourrait s'envoler à jamais".
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