"On a vu le feu tout petit dès le départ, et en l'espace d'une demi-heure, il est devenu très impressionnant", explique à l'AFP Yannick Forno, chef de la vigie directrice du Grand Puech, qui a aussitôt envoyé la patrouille forestière.
Ce guetteur de 45 ans a "rarement vu" un feu aussi spectaculaire, lui qui scrute l'horizon depuis ses vingt ans. Dans la nuit de mercredi à jeudi, il est resté l'oeil alerte jusqu'à 2H00.
Avec les pompiers, les soixante guetteurs saisonniers de la société civile recrutés chaque été par le SDIS 13 n'ont pas trop fermé l'oeil de la nuit. Jeudi, ils faisaient surtout de "la levée de doutes", selon M. Forno, car ils recevaient en moyenne une fausse alerte par heure.
A cause de son climat et de ses reliefs, les Bouches-du-Rhône sont l'un des départements qui a le plus recours aux guetteurs. "Beaucoup de départements abandonnent les vigies pour les caméras. Nous, on a trente vigies, mais dans le Var, ils n'en ont que cinq ou six !", se targue le lieutenant-colonel Jean-Pierre Squillari, du SDIS 13.
A la limite des Bouches-du-Rhône et du Var, près de Trets, depuis seize ans, Laurent et Béatrice Lambert viennent s'installer l'été à la vigie du Regagnas
Dans la tour aux baies vitrées qui surplombe la région, ils surveillent à 360 degrés les massifs, munis de leurs jumelles et d'une simple radio.
Le travail en vigie est avant tout une histoire de passion. "Nous, on est des mordus avec mon mari", affirme Béatrice.
"Il faut qu'il y ait une relation de confiance", explique M. Squillari. Les trois quarts des saisonniers sont des habitués. Le quart restant est très vite rempli par "le bouche à oreille, et les enfants ou les connaissances des pompiers", précise-t-il.
Mais ce travail saisonnier, payé au Smic est à la portée de tous, couples d'habitués comme jeunes étudiants. La formation dure cinq jours, pendant lesquels les guetteurs apprennent à utiliser les coordonnées géographiques et le poste radio.
La plupart des candidatures viennent de binômes préalablement constitués. "Mais on n'acceptera jamais deux néophytes dans une vigie, il faut bien connaître la région", souligne Jean-Pierre Squillari.
- "sur son arbre perché"-
La journée d'un guetteur est rythmée par les points météo, au nombre de trois. A 11h, à 14h et à 17h, les Lambert indiquent la direction, la vitesse, la température et l'humidité du vent. Le travail se termine à 19H00, "officiellement", confie Béatrice "mais on revient souvent observer les paysages après le dîner".
Pour le reste, il faut veiller au grain, à l'oeil nu ou avec les jumelles. Pour Béatrice, "le challenge, c'est de voir le feu le plus tôt possible et de pouvoir en donner les coordonnées". Une carte sur la table au milieu de la vigie et des plans des villages environnants sont les seuls outils qu'ils utilisent pour déterminer la position du feu.
Les 29 vigies sont connectées par radio 24 heures sur 24. En cas d'alerte, elles avertissent la vigie directrice qui se charge d'informer les sapeurs-pompiers. "Le tout prend moins de vingt secondes", assure le lieutenant-colonel Squillari.
Yannick Forno coordonne tout le dispositif. "Il vérifie les alertes, forme les guetteurs, s'occupe de l'administration, de l'approvisionnement", poursuit M. Squillari. "Il est sur son arbre perché et connaît parfaitement la région", renchérit un collègue sapeur-pompier. "A son intonation, on devine tout de suite l'ampleur de l'alerte".
S'il confirme le feu, Yannick Forno fait aussitôt appel aux véhicules qui tournent toute la journée. Ils sont les premiers sur place avant "l'arrivée de la cavalerie".
Cet été, près de 200 départs de feux ont été signalés par les guetteurs des vigies des Bouches-du-Rhône.
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