L'offre d'Ankara est l'un des premiers signes de la réconciliation scellée par les présidents russe Vladimir Poutine et turc Recep Tayyip Erdogan mardi, après la destruction en novembre 2015 par la chasse turque d'un avion russe au-dessus de la frontière turco-syrienne.
C'est d'ailleurs dans la foulée de ce réchauffement qu'une délégation de trois responsables turcs représentant l'armée, le renseignement et les affaires étrangères s'est rendue en Russie jeudi pour des discussions notamment sur la Syrie, selon le chef de la diplomatie turque Mevlüt Cavusoglu qui a fait part de la proposition de collaboration avec Moscou.
Les Etats-Unis, qui mènent des frappes aériennes régulières contre les positions jihadistes, ont dit qu'ils verraient d'un bon oeil pareille coopération.
Or, si Moscou et Ankara s'accordent à désigner l'organisation de l'Etat islamique (EI) comme leur ennemi commun, ils s'opposent sur le régime de Bachar al-Assad, le président syrien que la Turquie appelle à quitter le pouvoir mais que la Russie soutient, militairement notamment.
Outre des frappes contre les rebelles dans la ville d'Alep (nord), l'aviation russe, a d'ailleurs bombardé jeudi Raqa, capitale de facto de l'EI en Syrie, tuant 30 personnes dont 24 civils, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Et selon le sénateur russe Franz Klintsevitch, Moscou envisage de transformer en base aérienne permanente son aérodrome militaire de Hmeimim, dans le nord-ouest de la Syrie, qui abrite ses avions utilisés pour ses frappes. "Une fois son statut légal défini, Hmeimim deviendra une base militaire russe", a-t-il déclaré au quotidien Izvestia.
- 'Pause humanitaire' -
A Alep, deuxième ville de Syrie devenue enjeu crucial d'une guerre qui a fait plus de 290.000 morts depuis 2011, Moscou a également affirmé avoir décidé de suspendre chaque jour ses frappes durant trois heures, de 07H00 à 10H00 GMT ouvrant une "fenêtre" pour l'entrée d'aide humanitaire.
Environ 1,5 million de personnes vivent dans l'angoisse d'un siège dans cette ville divisée, 250.000 dans la partie contrôlée par les rebelles à l'est et environ 1,2 million à l'ouest dans les quartiers tenus par le pouvoir syrien.
Mais selon le correspondant de l'AFP à Alep, aucun ravitaillement n'est arrivé jeudi, les combats se concentrant sur le sud de la ville, sur la route que les rebelles avaient ouverte samedi pour briser le siège de leurs quartiers.
La Russie est prête à discuter d'un allongement de la "pause humanitaire" de trois heures qu'elle a proposée, a annoncé jeudi l'émissaire de l'ONU pour la Syrie Staffan de Mistura.
Il a jugé que cette proposition "unilatérale" de Moscou était insuffisante pour acheminer l'aide nécessaire aux habitants et réclamé de nouveau une trêve de 48 heures.
Si les habitants continuent de souffrir de coupures d'électricité, "l'eau, qui était coupée depuis six jours est revenue jeudi dans certains quartiers est et ouest (rebelles et gouvernementaux) grâce à l'arrivée de diesel acheminé par le Croissant-rouge à la station de pompage de Sleimane al-Halabi, dans un quartier rebelle, selon le correspondant de l'AFP.
Quinze des 35 médecins encore présents dans la partie rebelle de cette ville, ont de leur côté décrit dans une lettre adressée au président américain Barack Obama leur impuissance face à la mort et à "l'agonie des enfants".
"Sans l'ouverture permanente d'une voie d'approvisionnement nous serons dans peu de temps de nouveau assiégés par les forces du régime, la famine se répandra et les produits hospitaliers se tariront complètement", préviennent-ils.
- Le spectre des armes chimiques -
Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault s'est de son côté dit "préoccupé par les informations faisant état" d'une attaque chimique à Alep le 10 août, qui aurait fait quatre morts et des dizaines de blessés.
Interrogé à ce sujet à Genève, l'envoyé de l'ONU a déclaré: "Ce n'est pas à moi de trancher la question de savoir si elle a vraiment eu lieu, même s'il y a beaucoup de preuves tendant à démontrer que c'est le cas".
Même prudence à Washington, où la diplomatie américaine n'a pas voulu "confirmer" l'attaque chimique à Alep. Mais la porte-parole du département d'Etat Elizabeth Trudeau a souligné que les Etats-Unis "étaient très préoccupés par l'augmentation du nombre d'allégations d'usage d'armes chimiques ces dernières semaines".
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