Cette femme de 68 ans, devenue le symbole des violences conjugales, devrait savoir dans la matinée si le tribunal d'application des peines (TAP), qui siège au sein de la prison de Réau (Seine-et-Marne) où elle est en détention, lui accorde ou non cette demande de libération conditionnelle présentée à la suite de sa grâce.
Le parquet de Melun a pris des réquisitions favorables à sa remise en liberté. "C'est un dossier qui remplit toutes les conditions d'une libération conditionnelle", a dit à l'AFP la procureure de Melun, Béatrice Angelelli, qui prévoit de faire appel si le tribunal rendait une décision défavorable.
Le chef de l'Etat avait accordé le 31 janvier une grâce présidentielle "partielle" à la sexagénaire, condamnée en appel en décembre à dix ans de prison par la cour d'assises du Loir-et-Cher pour le meurtre de son mari, qui la battait depuis des années et avait violé ses filles.
Jacqueline Sauvage avait été transférée début février à la prison de Réau pour subir une expertise psychologique et médicale afin d'"évaluer" sa "dangerosité".
A l'issue de cette évaluation, la commission pluridisciplinaire des mesures de sûreté, où siègent notamment le préfet du département et un bâtonnier, a émis un "avis défavorable" à sa libération. Mais cet avis reste consultatif.
Pour ses avocates Nathalie Tomasini et Janine Bonaggiunta cet avis est "paradoxal et contradictoire".
"La commission a rappelé que les trois rapports, celui de l'évaluation de la dangerosité et ceux des experts psychiatres et psychologues, étaient favorables, mais a conclu: avis défavorable, demande de libération conditionnelle prématurée, c'est contradictoire", ont-elles expliqué à l'AFP.
Si la décision du tribunal d'application des peines s'avère favorable à la remise en liberté de Jacqueline Sauvage, "elle sera nécessairement assortie d'une surveillance électronique", ont-elles aussi indiqué.
- Vague de mobilisation -
Jacqueline Sauvage avait été reconnue coupable, en première instance comme en appel, d'avoir tué son mari de trois coups de fusil dans le dos en 2012, après 47 ans d'enfer conjugal.
L'avocat général avait demandé la confirmation de la condamnation, jugeant que "la légitime défense n'est absolument pas soutenable".
Lors de l'audience, ses trois filles avaient témoigné violemment à charge contre leur père, entrepreneur d'une société de transport, tué à l'âge de 65 ans. Toutes trois ont été violées, battues comme l'était leur mère. Leur frère, également victime des violences de son père, s'était suicidé la veille du jour où Jacqueline Sauvage a tiré sur son mari.
"Notre père est décédé et pour moi, c'est un soulagement", avait lancé aux jurés l'une de ses filles, violée à l'âge de 16 ans et victime de graves violences alors qu'elle était devenue une adulte.
La condamnation en appel de Jacqueline Sauvage avait suscité une vague de mobilisation, et la demande de grâce présidentielle formulée par ses filles avait été appuyée par de nombreux parlementaires et personnalités. Une pétition "Libérez Jacqueline !" avait recueilli 400.000 signataires dans toute la France.
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