D'autre part, la Turquie a appelé la Russie à des opérations conjointes en Syrie contre le groupe Etat islamique (EI), dont l'aviation russe a visé jeudi le fief de Raqa faisant 30 morts essentiellement des civils. La Syrie est l'un des grands dossiers sur lesquels Moscou et Ankara se sont jusqu'ici totalement opposés.
Quinze des 35 médecins encore présents dans les quartiers insurgés d'Alep, lancent dans leur lettre un appel urgent décrivant la situation désespérée que connaitraient les civils si le régime imposait un nouveau siège à leur ville.
Les insurgés ont brisé samedi trois semaines d'un siège qui avait entraîné une hausse vertigineuse des prix et le tarissement progressif des produits de base.
Mais les médecins considèrent que la situation reste désespérée.
"Sans l'ouverture permanente d'une voie d'approvisionnement nous serons dans pas longtemps de nouveau assiégés par les forces du régime, la famine se répandra et les produits hospitaliers se tariront complètement", préviennent-ils.
Dans la lettre, ils fustigent l'attitude des États-Unis: "Nous n'avons besoin ni de larmes, ni de sympathie, ni même de prières. Prouvez seulement que vous êtes des amis des Syriens".
Un des signataires de l'appel, Dr Abou al-Baraa, a expliqué à l'AFP que le manque d'équipements ou de soins a entraîné "la mort d'enfants et de blessés dans nos bras sans que nous ayons pu leur offrir quoi que ce soit".
"En raison des capacités limitées nous sommes contraints d'assister à l'agonie des enfants".
Actuellement, 250.000 personnes habitent les zones rebelles et 1,2 million les quartiers tenus par le gouvernement dans la ville d'Alep, la deuxième de Syrie et enjeu majeur d'un conflit qui a fait plus de 290.000 morts depuis son déclenchement en mars 2011.
- L'appel russe resté lettre morte -
"Ce qui nous afflige le plus, comme médecins, est de devoir choisir qui vivra et qui mourra", écrivent les praticiens dans leur lettre.
"De jeunes enfants arrivent aux urgences si gravement blessés que nous devons établir une priorité entre ceux qui ont le plus de chances de survivre", poursuivent-ils. "Et parfois nous n'avons même pas le matériel requis pour les aider".
Insurgés et loyalistes se préparent pour une nouvelle bataille en vue de contrôler la ville.
Le Haut commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR) a appelé jeudi "toutes les parties impliquées dans le conflit à assurer la sécurité et la dignité des civils, dont les familles (...) qui subissent bombardements constants, violences et déplacements".
Les violents combats et raids nocturnes ont baissé d'intensité vers 10H00 (07H00 GMT) mais n'ont pas cessé. Ils se concentrent sur le sud d'Alep que le régime tente de reprendre aux rebelles, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).
L'armée russe a annoncé mercredi l'ouverture à partir de ce jeudi d'"une fenêtre humanitaire" et la suspension de ses frappes chaque jour de 07H00 à 10H00 GMT "afin de garantir l'entière sécurité des colonnes (de véhicules) entrant dans Alep".
Mais selon le correspondant de l'AFP à Alep, aucun ravitaillement n'est arrivé jeudi, les combats se concentrant sur la route que les rebelles avaient ouvert samedi pour briser le siège.
Dans la région septentrionale de Raqa, capitale de facto du groupe Etat islamique (EI) en Syrie, au moins 30 personnes, dont une majorité de civils, ont été tuées et 70 autres blessées jeudi dans dix raids russes, selon l'OSDH.
La Russie, alliée du régime du président Bachar al-Assad, a affirmé que six Tupolev avaient "détruit une usine d'armes chimiques dans la banlieue nord-est de la ville".
Le ministère russe de la Défense a également indiqué que les raids avaient détruit un entrepôt d'armes et un camp d'entraînement des combattants de l'EI. Les jihadistes ont subi "des dommages matériels significatifs" lors de ces frappes et "un grand nombre de combattants ont été tués".
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