"Les gens veulent toujours voyager, mais ils voyagent différemment", a déclaré Fritz Joussen, patron du géant germano-britannique, lors d'une conférence téléphonique jeudi. "Le nombre total de touristes sera supérieur à l'an dernier" cette année, a-t-il prédit, notant que sur les quinze dernières années, une seule, 2009, avait affiché un recul - sur fond de récession économique mondiale.
M. Joussen a décrit une forme d'accoutumance aux mauvaises nouvelles, qui ferait que les touristes se laisseraient de moins en moins décourager. "Plus il y a d'incidents, plus les gens acceptent que le monde est instable, et qu'on ne peut pas y faire grand chose", a-t-il dit.
Les attaques terroristes dans de nombreux pays, l'instabilité politique dans d'autres, ont certes conduit à la désaffection de certaines destinations comme la Turquie, l'Egypte et la Tunisie, mais au profit d'autres, a-t-il expliqué. Parmi les clients de TUI, qui se recrutent pour beaucoup en Allemagne et au Royaume-Uni, quelque 2 millions se sont détournés cette année de ces pays, au profit de l'Ouest de la Méditerranée, et notamment de l'Espagne.
Le groupe, basé en Allemagne et coté à la Bourse de Londres, a publié jeudi ses résultats du troisième trimestre (avril à juin. Il a accusé un recul de 6% sur un an de son chiffre d'affaires pour la période, à 4,6 milliards d'euros.
Il impute ce résultat à "la date de Pâques" (qui était l'an dernier en avril, mais cette année en mars, donc le trimestre précédent), "des réservations en baisse pour l'Afrique du Nord et la Turquie et les conséquences sur l'environnement de marché des attaques terroristes, par exemple à l'aéroport de Bruxelles".
TUI s'affiche néanmoins prudemment optimiste pour le reste de l'année, et entend atteindre ses objectifs de rentabilité, avec une hausse prévue cette année d'au moins 10% de son bénéfice d'exploitation (Ebita). Celui-ci a augmenté de 24% sur un an au troisième trimestre, à 150 millions d'euros.
TUI est présent sur tellement de marchés et de segments que le groupe arrive à compenser la retenue des clients sur certaines destinations, en les redirigeant vers d'autres lieux de vacances ou d'autres formes de voyages. TUI progresse ainsi nettement dans les croisières, qui représentent encore un petite part de son chiffre d'affaires, mais sont en plein essor.
A l'heure actuelle, "TUI est face à des réservations robustes, les entrées de réservations sont conformes à nos attentes", a indiqué le groupe.
C'est le cas même sur le marché britannique, où pour le moment les effets du vote du 23 juin sur le Brexit et de la chute de la livre sterling ne se font pas sentir outre mesure.
"Il n'y a pas de ralentissement notable", a dit M. Joussen, et les premiers chiffres de réservations britanniques pour la saison d'hiver 2016/17 sont encourageants. Mais "nous savons que les variations de devises affectent la demande", a-t-il concédé, et "l'été 2017", qui sera le véritable test pour le tourisme des Britanniques, "est encore très loin".
TUI profite de la part relativement élevée dans son offre au Royaume-Uni des forfaits "all inclusive". "Les gens sont plus enclins à réserver s'ils ont une certitude sur ce qu'ils vont dépenser", selon le patron.
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