La dernière étape nécessaire avant d'organiser le référendum, c'est-à-dire la collecte de quatre millions de signatures en trois jours, n'aura lieu au mieux que fin octobre, a annoncé mardi la présidente du Conseil national électoral (CNE) Tibisay Lucena. Cet organisme est accusé par l'opposition de faire le jeu du pouvoir.
La question du calendrier est cruciale pour l'opposition, majoritaire au Parlement: s'il est organisé avant le 10 janvier 2017 et couronné de succès, comme le prédisent les sondages, de nouvelles élections seront organisées.
Au-delà de cette date, le Parti socialiste unifié du Venezuela (PSUV) pourra conserver le pouvoir.
- Pression populaire -
L'opposition, réunie dans la coalition de la Table de l'unité démocratique (MUD, centre-droit), considère que c'est son principal instrument de pression. Elle a donc convoqué une grande marche nationale le 1er septembre.
Mais si les adversaires de M. Maduro ont réussi à recueillir près de 2 millions de signatures pro-référendum en cinq jours en avril, ils ont du mal à mobiliser dans la rue.
"Il n'y a pas de connexion entre les leaders politiques et la population. C'est un défi pour eux, l'accompagnement de la grogne sociale. En plus, les gens font la queue dès les premières heures pour essayer de trouver des aliments et des médicaments, ils sont focalisés sur leur vie quotidienne", résume Marco Ponce, coordinateur de l'Observatoire de la conflictualité sociale.
En outre, depuis les manifestations de 2014, qui ont duré trois mois et fait 43 morts, cette forme de contestation ne convainc plus.
"L'opposition va devoir repenser sa stratégie de pression. Le Vénézuélien est fatigué des défilés car ça ne donne pas de résultats concrets, tandis que le vote, oui", assure Eugenio Martinez, expert électoral.
La MUD peut compter sur l'impopularité record du chef de l'Etat (74%).
- Négociation -
Pour l'analyste Luis Vicente Leon, le Venezuela n'est pas dans "une bataille juridique, ni éthique mais politique" et l'opposition doit surmonter ses différends pour négocier avec le gouvernement.
"Même après avoir tout fait pour que le référendum se tienne cette année, le gouvernement a montré à l'opposition qu'il était probable qu'il n'en soit pas ainsi. Désormais, il faut espérer que (l'opposition) insiste davantage sur le dialogue", souligne de son côté le politologue Benigno Alarcon.
Un groupe d'anciens chefs d'Etat et de gouvernement, dirigé par l'Espagnol José Luis Rodriguez Zapatero promeut un dialogue, sans résultat pour l'instant.
Mais pour être efficace, la négociation devra s'accompagner de protestations, estime M. Alarcon. "Si tu ne fais que me menacer de brûler le pays faute de référendum, je ne fais pas attention; mais si je vois que tu as la capacité de mobiliser et de causer des problèmes, les choses changent".
- Pression politique -
Bien que pieds et poings liés par la justice, également accusée par la MUD d'être une alliée du gouvernement, le Parlement peut exercer une pression sur le gouvernement.
Jeudi, il doit examiner le renouvellement d'une partie des dirigeants du CNE.
Le Parlement doit aussi approuver les capacités d'endettement de l'Etat, à un moment où le gouvernement a urgemment besoin de fonds pour relancer l'économie.
"Dans la mesure où l'opposition est capable d'élever le coût de la non-coopération (entre le Parlement et le gouvernement), il peut faire céder le gouvernement. La question est de savoir si la MUD en est capable", estime M. Alarcon.
- Pression internationale -
Depuis son arrivée aux manettes du Parlement, la MUD a lancé une offensive internationale pour dénoncer la situation du pays. Elle a ainsi reçu le soutien des Etats-Unis et de l'Organisation des Etats américains (OEA).
Le secrétaire général de l'OEA, Luis Almagro, menace d'appliquer la Charte démocratique. Ce texte autorise l'organisation à intervenir diplomatiquement contre l'un de ses Etats membres s'il est considéré qu'il fait face à une crise constitutionnelle menaçant la démocratie. Cela peut aller jusqu'à l'exclusion du Venezuela de l'OEA.
D'ailleurs, jeudi, le député de l'opposition Luis Florido doit rencontrer M. Almagro à Washington afin de persuader l'OEA de "hausser le ton" et de faire pression pour que le référendum ait bien lieu.
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