Depuis des siècles, dans les campagnes des provinces du Sichuan et du Yunnan, les Yi célèbrent la Fête des Torches --la plus importante de leur calendrier-- durant trois jours au sixième mois lunaire de chaque année.
Point d'orgue des festivités: la nuit, locaux et visiteurs brandissent de longues torches autour d'un immense brasier dont les étincelles s'envolent vers le ciel étoilé, tandis que des chamans s'infligent de douloureux rituels à coup de métaux brûlants.
La fête est traditionnellement une occasion privilégiée de rencontres entre jeunes hommes et femmes à la recherche d'un conjoint ; mais c'est aussi désormais pour les Yi un moyen de préserver leur culture face aux changements rapides des campagnes chinoises.
Soucieux de stimuler la croissance économique et de relever le niveau de vie, Pékin cherche à relocaliser des millions de ruraux dans les villes lors des prochaines années --un processus d'urbanisation à grande échelle qui menace les modes de vie de traditionnels.
La modernisation est perceptible dans le paysage même des campagnes reculées du sud du Sichuan, où vivent environ 2 millions de Yi: on y trouve un aéroport flambant neuf et des chemins de fer nouvellement construits traversent les collines.
Autre évolution notable: cette année à la Fête des Torches, des hauts-parleurs diffusaient des chansons et livraient des commentaires en mandarin --la langue chinoise standardisée-- et non pas dans la propre langue des Yi.
De même, les costumes traditionnels font figure de folklore: ils sont de plus en plus rarement portés par les jeunes Yi.
Des spectateurs venus assister à la Fête portaient casquettes de baseball et shorts, et certains prenaient des selfies avec les jeunes filles danseuses pendant que celles-ci ajustaient leurs coiffures.
"C'est la première fois que je revêts la tenue traditionnelle en entier. Mais j'adore cela! Dans les autres fêtes, on ne s'habille pas comme ça", indique à l'AFP l'une des jeunes filles, coiffée d'une très délicate structure en métal précieux.
Plusieurs femmes portaient de longues jupes mêlant étoffes rouges et dorées, et certaines arboraient fièrement des ornements de métal ciselé et des ceintures brodées avec soin, fruits d'un artisanat Yi séculaire.
Non loin de jeunes filles se promenant sous des parapluies jaunes cirés, des hommes paradaient, l'air martial, avec casques en cuir, boucliers et épées.
Une jeune Yi âgée de 20 ans, Wenze Mochen, confie qu'elle possède son costume d'apparat depuis qu'elle est enfant: "Ma mère avait chargé des artisans de me le confectionner. Cela prend d'habitude plusieurs mois avant de terminer une parure" complète, précise-t-elle.
Un savoir-faire que la Fête des Torches cherche au moins à perpétuer, tout en attirant un nombre croissant de touristes.
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