Le ministère public a requis huit ans de prison ferme à l'encontre du judoka, 44 ans, jugé devant le tribunal correctionnel pour délit de "mandat criminel".
"C'était un projet cadré, minutieux, pas le résultat d'un coup de tête", a estimé la procureure, qualifiant le prévenu de "particulièrement déterminé". Le jugement doit être rendu dans la soirée.
L'assassinat, programmé à l'automne 2015, devait être maquillé en banal accident de la route: la victime, également professeur de sport, devait périr écrasée par une voiture lors de l'une de ses séances de jogging. Le contrat, facturé 6.000 euros, n'a jamais été exécuté.
Chemise blanche rentrée dans un jean sombre, le judoka, cheveux mi-longs et bouclés sur le front, "reconnaît les faits" dès le début de l'audience.
A l'époque des faits, l'épouse a quitté le domicile conjugal depuis un an, lassée des crises de jalousie à répétition de son mari, qui épiait ses comptes sur les réseaux sociaux et lui dictait ses tenues vestimentaires.
Une séparation que le prévenu supporte très mal, après vingt années de mariage et deux enfants. "C'était l'échec de ma vie, tout s'écroulait".
Son plan macabre, inspiré d'un programme télévisé selon ses mots, prend forme en mai 2015. Un ancien élève lui présente un homme qui se dit prêt à accomplir la basse besogne.
Mais ce dernier, plutôt escroc que tueur à gages, lui réclame à plusieurs reprises des acomptes. Le prof de judo refuse: il ne paiera pas avant le décès de son épouse.
- "Voyou" -
En septembre 2015, le faux complice est placé en garde à vue pour une banale infraction au code de la route. Pensant sans doute acheter la clémence des policiers, il leur livre le tuyau: on l'a mandaté pour tuer quelqu'un.
Pour prouver sa bonne foi, il enregistre le judoka lors d'une nouvelle rencontre. Le prévenu décrit l'emploi du temps de sa femme, son physique, sa tenue de sport et le modèle de sa voiture. Et appuie sa détermination auprès de son interlocuteur: "est-ce que tu crois que j'aurais autant insisté si j'avais hésité?"
A l'audience, le judoka affirme qu'il "voulait sans vouloir" et que ses propos "n'étaient pas aussi directs". Surtout, il jure qu'à l'époque, trois mois après avoir parlé de son projet pour la première fois, celui-ci était "avorté". "Je ne serais jamais allé jusqu'au bout", insiste-t-il, bien qu'il ait dit le contraire lors de l'instruction.
Pourtant, une semaine après cet enregistrement, une nouvelle rencontre est organisée en présence de "Teddy", un agent infiltré par la section de recherches de Paris. Une nouvelle étape est franchie: le prévenu verse un acompte de 800 euros en petites coupures, présente un cliché récent de son épouse et indique le chemin qu'elle emprunte.
"Si vous vouliez tout arrêter, il suffisait de ne pas donner l'argent et la photo", lui fait remarquer le président.
"Je me pose la question tous les jours", répond-il. "J'étais en face d'un voyou, je n'ai pas l'habitude d'en fréquenter", se dédouane-t-il, expliquant "avoir cédé à des menaces".
"Mon client a eu la faiblesse d'esprit de ne pas avoir su dire stop", a abondé l'avocat de la défense François Artuphel. "Mais dans cette affaire, il n'y a pas de mobile, pas de volonté réfléchie de passage à l'acte", a-t-il affirmé.
A la barre, l'épouse - la procédure de divorce est toujours en cours -, venue avec l'un de leurs deux fils, interpelle son mari: "Pourquoi as-tu voulu enlever leur mère à tes enfants? Ca je ne l'admettrai pas."
Lui: "Tu sais dans quel état j'étais. Je ne sais pas, (...) je ne me reconnais pas".
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