La dernière étape nécessaire avant d'organiser le référendum, c'est-à-dire la collecte de quatre millions de signatures en trois jours, n'aura lieu, au mieux, que fin octobre, a prévenu la présidente du Conseil national électoral (CNE) Tibisay Lucena, lors d'une conférence de presse.
La question du calendrier est cruciale pour l'opposition, majoritaire au Parlement et promotrice depuis des mois du projet de référendum: s'il est organisé avant le 10 janvier 2017 et couronné de succès, comme le prédisent les sondages, de nouvelles élections seront organisées.
Au-delà de cette date, le chef de l'Etat, s'il est battu, pourra désigner son vice-président pour le remplacer, permettant au Parti socialiste unifié du Venezuela (PSUV) de conserver le pouvoir.
La date du 10 janvier 2017 correspond au début de la quatrième année de mandat de l'ex-président Hugo Chavez, décédé en 2013, que Nicolas Maduro est en train de compléter, normalement jusqu'en 2019.
Mais le nouveau calendrier dévoilé par le CNE laisse peu d'espoir à l'opposition: "Si toutes les conditions requises établies par la loi sont remplies (...) la collecte de signatures de 20% (de l'électorat, ndlr) aurait lieu fin octobre", a déclaré Mme Lucena.
Elle a précisé qu'une fois cette collecte réalisée, le CNE aura "entre 28 et 29 jours" pour vérifier les signatures.
Puis, s'il les valide, "le référendum révocatoire sera organisé dans les 90 jours suivant sa convocation", a-t-elle indiqué, ce qui pourrait facilement repousser la consultation à 2017.
Pour l'analyste Eugenio Martinez, expert en questions électorales, "si le CNE applique des délais particulièrement longs, le référendum révocatoire pourrait être organisé entre février et mars".
- Course d'obstacles -
L'opposition, réunie dans une vaste coalition, la Table pour l'unité démocratique (MUD, centre droit), accuse le CNE de servir les intérêts du gouvernement en ralentissant le processus.
"Un exercice de cynisme et de mensonges de Mme Lucena!" s'est exclamé sur Twitter l'ex-candidat à la présidentielle Henrique Capriles.
La présidente du CNE "croit que les Vénézuéliens, nous sommes tous stupides! Le peuple veut une date et un référendum révocatoire en 2016", a-t-il ajouté.
Le chemin vers le référendum, entamé en début d'année, ressemblait dès le début à une course d'obstacles, l'opposition ayant déjà dû réunir quelque 2 millions de signatures, dont environ 400.000 ont été validées par le CNE après une longue période d'audit.
Pour révoquer Nicolas Maduro il faudra, lors du référendum, battre le score qu'il a obtenu à la dernière élection présidentielle, en 2013 (7,5 millions de voix).
Selon l'institut de sondages Venebarometro, 64% des électeurs (12 millions) voteraient contre lui, dans un climat de profond mécontentement populaire lié à la crise, alors que l'économie de ce pays pétrolier s'est effondrée avec la chute des cours du brut.
"Des millions de Vénézuéliens vont exiger que ce référendum se matérialise", a assuré Julio Borges, chef du groupe parlementaire de l'opposition.
"Le Venezuela est en plein chaos et c'est l'unique opportunité d'en sortir", a-t-il insisté.
Dans le camp gouvernemental, on affirme qu'il n'y aura pas le temps pour un référendum en 2016. Et pour s'en assurer, une véritable offensive judiciaire a été lancée.
Nicolas Maduro lui-même a intenté un recours pour fraude devant le Tribunal suprême de justice (TSJ), que l'opposition accuse également d'être au service de l'exécutif. Au total, environ 8.600 recours ont été déposés devant le parquet et le TSJ.
Les chavistes ont aussi demandé au CNE d'invalider la coalition d'opposition en tant que parti, lui reprochant des "fraudes" pendant la collecte des premières signatures pro-référendum.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.