Index sur la gâchette du famas, béret vert et gilet pare-balles de treillis couleur sable: les légionnaires fraichement de retour du désert africain détonnent parmi les hordes de touristes aux bermudas colorés, pieds nus dans leurs sandales.
"Ca me rassure de les voir là", explique Patrice, un vacancier venu de Vendée. "Les attentats, ça peut se passer ici ou ailleurs. On est obligés d'en arriver là", ajoute-t-il en se dépêchant de finir sa glace rhum-raisins qui fond au soleil cuisant du Midi.
"Oui, on est obligés", confirme Yazid Laredj, adjoint à la sécurité à la mairie DVD de Carcassonne. "Quand un site comme Nice est touché, on se dit que cela peut arriver partout, en particulier ici, où nous sommes classés" au patrimoine mondial de l'Unesco.
Tous les jours en haute saison, les épais remparts de Carcassonne accueillent "30 à 40.000 personnes". "On met tous les moyens pour que ça se passe bien", assure l'adjoint.
Dans le cadre du redéploiement vers la province des militaires de l'opération Sentinelle, décidé après l'attentat de Nice du 14 juillet, 88 légionnaires ont été déployés dans l'Aude, dont 24 à Carcassonne: huit à la Cité, huit à la gare, huit à l'aéroport, détaille M. Laredj.
En plus de ces militaires, "entre 15 et 20" agents de la police municipale, qui a été une des premières de France à être armée, patrouillent les ruelles de la vieille ville en été. Un chiffre qui n'a pas augmenté depuis les récents actes terroristes.
"Il n'y pas de politique particulière depuis les attentats, car nous sommes habitués à recevoir beaucoup de monde", explique M. Laredj.
Malgré tout, "pour la première fois" selon l'adjoint, des portiques de sécurité ont été installés aux entrées des théâtres accueillant le festival de Carcassonne, qui s'est achevé le 1er août.
- 'Pas plus de menace ici qu'ailleurs' -
"Nous sommes beaucoup plus vigilants sur les véhicules qui viendraient faire des repérages", explique le chef de la police municipale, casquette et gilet pare-balles bleu ciel.
"Nous sommes dans un état d'urgence permanent", explique-t-il, soulignant que le mode opératoire des jihadistes ne cesse de se modifier, rendant encore plus complexe la prévention. "Il s'agit d'un risque diffus. On a toujours un acte différent."
"Mais ce n'est pas la psychose", nuance le fonctionnaire. Même si, après l'assassinat de deux policiers à Magnanville (Yvelines) le 13 juin, il refuse désormais de donner son nom à la presse, tout comme ses collègues. "On y pense, oui", lâche-t-il en baissant les yeux.
Outre les policiers municipaux, deux confrères de la Guardia Civil, la police nationale espagnole, patrouillent également dans la Cité, fortement fréquentée par des hispanophones, précise la directrice adjointe de la sécurité publique dans l'Aude, Anissa Jalade.
L'ensemble du dispositif est épaulé par "plusieurs" patrouilles de la police nationale en tenue, ainsi que des fonctionnaires en civil, ajoute-t-elle sans précisions chiffrées.
"Mais il n'y a pas plus de menace à Carcassonne qu'ailleurs", assure-t-elle.
"Il n'y pas de menaces particulières ici", renchérit M. Laredj, démentant l'existence d'une "filière carcassonnaise" du jihadisme, comme ont pu le laisser croire les récentes arrestations opérées dans le département.
En juin dernier, un homme radicalisé avait été arrêté en gare de Carcassonne, soupçonné d'avoir préparé une attaque contre des touristes étrangers. Le jeune homme est originaire de Lunel, une petite ville de l'Hérault voisin d'où une trentaine de personnes sont parties pour la Syrie.
En mars 2008, sept personnes avaient été arrêtées à Carcassonne, Toulouse et Montpellier et des armes saisies.
"Le risque zéro n'existe pas", reconnaît le chef de la police municipale. "Mais, pour l'instant, nous n'avons dû effectuer aucun contrôle de personnes. En fait, la majorité de nos interventions, ce sont des enfants perdus."
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