C'est l'avant-dernier kilomètre d'un marathon politique débuté il y a plusieurs mois à Brasilia: après le vote d'une commission spéciale de sénateurs jeudi, le Sénat se prononce cette fois en séance plénière.
La session doit durer une vingtaine d'heures.
Les adversaires de la présidente de gauche du Brésil n'auront besoin que d'une majorité simple, sur 81 sénateurs, pour pousser vers la sortie Mme Rousseff, la dauphine politique de l'ex-chef de l'Etat Luiz Inacio Lula da Silva, principal artisan de l'attribution des JO à Rio de Janeiro en 2009.
La présidente de gauche a été suspendue de ses fonctions le 12 mai par la chambre haute et c'est son ancien vice-président devenu son rival, Michel Temer, 75 ans, qui assure depuis l'intérim à la tête de l'Etat.
Pour les deux camps, l'issue ne fait guère de doute.
"La présidente est toujours plus isolée. Un isolement très grand qui s'est aggravé ces dernières semaines, et qui concerne même son propre parti", a déclaré à l'AFP le sénateur Aloysio Nunes, du parti social-démocrate de Michel Temer, le PSDB (droite). "Je ne doute pas une seconde que, à l'instar du jugement définitif, le vote sera en faveur de l'impeachment et qu'elle sera destituée", a-t-il dit.
Dans l'autre camp politique, la sénatrice Vanessa Grazziotin, alliée de Mme Rousseff, concède par avance la défaite. "Ils vont y arriver avec une certaine facilité. On n'a pas beaucoup d'attentes", a-t-elle regretté.
- Telenovela politique -
Si le Sénat le décide ainsi mardi, le jugement final devrait intervenir autour du 25 août, quelques jours après la clôture des premiers jeux Olympiques d'Amérique du Sud. Cette ultime étape devrait durer moins d'une semaine.
En cas de destitution définitive de la présidente, ce sera la fin de plus de 13 ans au pouvoir pour le Parti des Travailleurs (PT, gauche). Michel Temer, 75 ans, remplacera alors Dilma Rousseff jusqu'à la fin de son mandat, fin 2018.
Ce serait le deuxième chef de l'Etat brésilien a être écarté du pouvoir, après Fernando Collor, en 1992. M. Collor démissionna trois mois après l'ouverture d'une procédure de destitution pour corruption, alors que le Sénat s'apprêtait à le déclarer coupable.
La présidente, réélue pour un second mandat de quatre ans fin 2014, est accusée de maquillage des comptes publics ainsi que d'avoir signé des décrets engageant des dépenses non prévues au budget sans avoir demandé au préalable l'accord du parlement.
Mme Rousseff conteste formellement avoir commis un quelconque "crime de responsabilité" et dénonce un coup d'Etat institutionnel ourdi par M. Temer et la droite brésilienne.
Sur le plan strictement juridique, le parquet brésilien lui a donné partiellement raison en estimant que les tours de passe-passe budgétaires qui lui sont reprochés n'étaient pas constitutifs de crimes.
L'accusation, déjà fragile, ne reposerait plus que sur la signature de quelques décrets litigieux.
Dans les faits, il s'agit aussi et avant tout d'un procès politique intenté à une présidente fragilisée depuis l'éclatement de sa majorité parlementaire au plus fort de la crise politique brésilienne au printemps dernier.
Entre la nouvelle médaille olympique Michael Phelps, l'entrée en piste d'Usain Bolt et les attentes autour de la Seleçao de Neymar dans le tournoi olympique, les Brésiliens suivent le final de cette telenovela politique qui a plongé le Brésil dans sa pire crise institutionnelle depuis des décennies.
Ce géant d'Amérique latine s'achemine vers sa plus forte récession en un siècle, au milieu du gigantesque scandale Petrobras.
Loin des stades de Rio, le bâtiment du Congrès à Brasilia était entouré de barrières avant la séance plénière de mardi. Quelque 5.000 manifestants étaient attendus.
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