Ian Bailey, 59 ans, a été renvoyé le 27 juillet devant la cour d'assises de Paris pour "homicide volontaire", a appris l'AFP de sources proches du dossier.
Cette décision est "une étape essentielle dans la recherche de la vérité sur un crime que la justice irlandaise n'a pas été jusqu'à présent en mesure d'élucider", a réagi, dans un communiqué, l'association pour la vérité sur l'assassinat de Sophie Toscan du Plantier.
"C'est une grande satisfaction et un soulagement d'arriver enfin à un procès dans cette affaire", a relevé Me Alain Spilliaert, l'avocat de la famille Toscan du Plantier.
Le procès, dont la date n'est pas encore fixée, devrait se tenir en l'absence du journaliste.
La Cour suprême irlandaise a refusé en 2012 la remise de Ian Bailey à la justice française, qui avait délivré un mandat d'arrêt européen à son encontre en 2010, invoquant notamment l'absence de réciprocité entre les deux pays en matière d'extradition.
Un second mandat a été émis le 13 juillet. "Il est peu probable que l'Irlande donne suite", a estimé Me Alain Spilliaert. "Mais nous avons porté l'affaire devant les institutions européennes et nous espérons, un jour, obtenir gain de cause", a-t-il ajouté.
Sophie Toscan du Plantier avait été retrouvée morte au matin du 23 décembre 1996, en vêtements de nuit, en contrebas de sa maison isolée de Schull, un village de la côte sud-ouest de l'Irlande, où elle était venue passer quelques jours avant Noël.
Alors âgée de 39 ans, l'épouse du producteur de cinéma et ancien patron de Gaumont, Daniel Toscan du Plantier, décédé en 2003, avait été frappée plusieurs fois à la tête.
- Des aveux ? -
Journaliste pigiste résidant à quelques kilomètres de là, Ian Bailey avait rapidement fait figure de suspect: il était l'un des premiers à s'être rendu sur les lieux et avait évoqué dans ses articles des éléments de l'enquête, notamment sur l'arme du crime, censés être connus uniquement du meurtrier et des enquêteurs.
Plusieurs témoins ont également affirmé en 2003 qu'il leur avait avoué le meurtre.
Mais l'état du corps de Sophie Toscan du Plantier, resté dehors recouvert d'une simple bâche pendant de nombreuses heures avant l'arrivée du médecin légiste, n'avait pas permis de relever un éventuel ADN étranger.
Interpellé à plusieurs reprises par la police irlandaise, le journaliste a toujours clamé son innocence et n'a jamais été inculpé en Irlande, faute de preuves "au-delà du doute raisonnable".
"Bien qu'aucune preuve matérielle ne puisse être avancée et malgré les dénégations constantes du mis en cause devant les policiers, le faisceau d'indices entourant Ian Bailey justifie sa mise en accusation devant la cour d'assises de Paris", a, au contraire, estimé le parquet de Paris le 27 juin, demandant son renvoi en procès.
Le parquet met en avant plusieurs faits troublants: le suspect a assuré qu'il ne connaissait pas la victime alors que plusieurs éléments ont démontré le contraire, il portait des égratignures, notamment sur le visage et les avant-bras, dont il n'a jamais pu expliquer l'origine. Enfin, sa présence à son domicile au moment des faits n'a pas été établie, en dépit de ses dires.
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