Coiffé d’un chapeau de cow-boy marron et portant un gilet pare-balles sur un débardeur noir, Mohamad le dit sans détour à une équipe de l'AFP: "L'intervention militaire américaine et les frappes (...) lancées contre des positions sensibles de Daech (acronyme arabe de l'EI) à Syrte, c'est très bien!".
"Nous espérons l’intensification des frappes (américaines) dans les prochains jours pour que nous puissions avancer" dans Syrte, une ville côtière située à 450 kilomètres à l'est de Tripoli et conquise par l'EI en juin 2015.
Les forces libyennes loyales au gouvernement d'union nationale (GNA) basé à Tripoli ont lancé une offensive pour reprendre Syrte depuis le 12 mai. Elles sont entrées dans la cité mais les jihadistes retranchés dans le centre offrent une résistance féroce, utilisant snipers, mines anti personnels et voitures piégées.
Dans la cour d'une maison abandonnée située à environ 250 mètres de la position la plus proche des jihadistes, une dizaine de soldats de l'unité des "Aigles de Misrata" prennent une pause avant de remplacer leurs compagnons sur le front.
Dans ce quartier résidentiel aujourd'hui désert, les mauvaises herbes ne peuvent cacher les impacts des balles et le mur en partie détruit d'une maison.
Non loin de là, un autre combattant loyal au gouvernement d'union, Khaled el-Ghouch, pense que les frappes de "nos amis américains ont remonté le moral" des troupes. Admiratif de leur efficacité et de leur précision, Ahmed est convaincu que "la victoire ne tardera pas à arriver".
- Le guet depuis la plage -
Les Etats-Unis effectué lundi, pour la première fois, des raids aériens contre les jihadistes à Syrte, à la demande du GNA.
"Nous avons fait appel au soutien (américain) pour limiter les pertes", a déclaré à l'AFP le général Mohamad al-Ghassri, le porte-parole des forces du gouvernement d'union.
Bien que disposant d’avions, les forces pro-GNA ont perdu plus de 300 hommes depuis le début de l'offensive et manquent d'armes de précision.
C'est avec des 4x4 montés de mitrailleuses et quelques chars qu'elles mènent des combats de rue contre les jihadistes.
Sur une plage, dans l'ouest de Syrte, des soldats ont érigé un poste de contrôle en "système D" sous un parasol de fortune constitué d'un tapis attaché à quatre bouts de bois.
Entre des boîtes de thon vides qui jonchent le sol, deux jeunes combattants sont allongés à l'ombre du tapis fouetté par le vent: l'un monte le guet entre des sacs de sable à l'aide d'une paire de jumelles vertes, l'autre avec son fusil pointé sur les positions de l'EI toutes proches.
L'équipe de l'AFP n'a pas pu atteindre les lignes avancées du front mais a pu constater que les quartiers résidentiels, vidés de leurs habitants, étaient calmes mercredi.
Les combattants restent malgré tout sur leurs gardes.
- 'Ton sang sauve des vies' -
A l'entrée ouest de Syrte, les forces gouvernementales ont installé un hôpital de campagne pour donner les premiers soins aux blessés avant de les transférer à Misrata, ville où est basé le commandement conjoint de l'opération.
L'hôpital est composé d'une salle d'opérations, d'une autre pour les urgences où sont installés une dizaine de lits ainsi que des bonbonnes d'oxygène et des tables couvertes de tissu blanc sur lesquelles sont rangées des outils chirurgicaux.
L'hôpital utilise sa page Facebook pour diffuser les photos et les noms des blessés et des morts, mais aussi pour lancer des campagnes de sensibilisation pour encourager les combattants à faire usage de leurs casques et gilets pare-balles pour éviter les blessures à la tête et au torse.
Il organise aussi des campagnes pour que les combattants donnent leur sang avec comme slogan "ton sang sauve des vies".
A Tripoli, la capitale, des panneaux incitent aussi les Libyens à consacrer leur 'jihad' (effort) et leur 'zakat'(aumône), à combattre le "terrorisme".
"Les frappes américaines accélèrent l'opération mais ce sont les combattants sur le terrain qui vont remporter la victoire", a indiqué à l'AFP un membre du conseil local de Syrte temporairement installé à Misrata, à 200 km à l'est de Tripoli.
"Les cadavres des jihadistes de l'EI sont dans les rues, au milieu des détritus et des ruines", poursuit-il. "Nous attendons avec impatience de retourner à Syrte pour nettoyer la ville".
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