Les centaines de manifestants qui s'étaient rassemblés dans la capitale ont été dispersés à coups de matraques, de canons à eau et de gaz lacrymogène, selon un journaliste de l'AFP.
"Un jour libérateur, désormais oppresseur", "Mugabe doit partir", "Vous avez échoué M. Mugabe", pouvait-on lire sur les pancartes brandies par la foule contre le père de l'indépendance âgé de 92 ans et au pouvoir depuis 36 ans.
Un groupe de jeunes diplômés sans emploi interdits de manifester par la police avait rejoint un autre cortège qui protestait contre l'introduction de "billets d'obligation", une devise locale introduite en mai, à parité avec le dollar américain.
Les manifestants souhaitaient déposer une pétition au Parlement contre cette mesure qui fait craindre un retour de l'hyperinflation qui avait détruit l'économie en 2008-2009, poussant le Zimbabwe à abandonner sa devise nationale.
"L'un de nos membres a été passé à tabac et est sérieusement blessé. Nous essayons de savoir où il a été emmené", a indiqué Rodwell Nyika, un membre de la coalition des jeunes diplômés sans emploi du Zimbabwe.
"On proteste pacifiquement et voilà ce que l'on récolte", ajoute Samuel Meso, un manifestant.
Dans le cortège, beaucoup arboraient le drapeau du Zimbabwe autour du cou, un symbole de la vague de contestation récente qui s'est emparée du pays.
"Ce que nous disons est simple: nous avons besoin d'emplois", a affirmé à l'AFP Douglas Munjere, 30 ans et sans emploi depuis sa sortie de l'université.
"Tous ces gens devraient être au travail mais il n'y a pas d'emplois", a-t-il ajouté.
La crise économique que traverse le Zimbabwe depuis le début des années 2000 s'est aggravée cette année et le gouvernement est à court de liquidités pour payer les fonctionnaires.
- Contestation hétéroclite -
Jeunes diplômés, anciens combattants, hommes d'église: depuis quelques mois, les visages des opposants au gouvernement sont hétéroclites et les attaques se multiplient contre le président Mugabe, accusé de plonger le Zimbabwe dans le chaos économique.
Il y a deux semaines, les vétérans de la guerre d'indépendance du Zimbabwe, habituellement loyaux au président ont dénoncé le comportement "dictatorial" de M. Mugabe et appelé à sa démission au moment où le problème de la succession est posé.
Contesté jusqu'au sein de ses ex-fidèles, le vieux président a néanmoins vivement réagi, en menaçant les voix discordantes d'une sévère répression.
Une promesse rapidement tenue puisque cinq vétérans ont été arrêtés depuis la semaine dernière. Tous ont été mis en liberté provisoire contre une caution de 300 dollars et accusés de "saper l'autorité du président", selon leur avocate Beatrice Mtetwa qui ajoute cependant que deux autres ont été arrêtés mercredi.
Le mois dernier, le pasteur Evan Mawarire, chef de file de la fronde citoyenne et organisateur d'une grève générale avait lui aussi été arrêté et inculpé de tentative de renversement du gouvernement.
Inconnu du grand public il y a encore quelques mois, ce pasteur baptiste de 39 ans s'est rapidement fait un nom en postant en avril une vidéo où il dénonçait l'incurie et la corruption du régime.
Finalement libéré par la justice, il a appelé la population à continuer la grève et s'est réfugié en Afrique du Sud où il se trouve toujours aujourd'hui.
Avant cette vague de contestation, les manifestations étaient plutôt rares dans ce pays d'Afrique Australe dirigé d'une main de fer par M. Mugabe depuis l'indépendance de 1980.
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