Initialement, le CNE devait rendre sa décision mardi dernier mais, ce jour-là, cet organisme, que l'opposition accuse de favoriser le gouvernement, avait annoncé son report au 1er août, affirmant ne pas vouloir céder à une quelconque "pression".
On ignorait toutefois quand le Conseil national électoral rendrait publiques ses conclusions.
Elu en 2013 pour un mandat allant jusqu'en 2019, le chef de l'Etat socialiste fait face depuis les élections législatives de décembre 2015 à un Parlement contrôlé par une coalition de centre droit, la Table de l'unité démocratique (MUD), et ces antichavistes (du nom de l'ex-président Hugo Chavez, 1999-2013) exigent l'organisation d'un référendum contre M. Maduro avant fin 2016.
Ils le rendent en effet responsable des pénuries alimentaires, de l'hyperinflation et, plus généralement, de la situation de plus en plus chaotique au Venezuela qui, bien que disposant des plus grandes réserves de pétrole du monde, subit de plein fouet la chute des cours du brut.
Pour arriver à ses fins, l'opposition a enclenché un processus long et complexe prévu par la loi.
Après avoir recueilli près de deux millions de signatures, dont seules 1,3 million ont été validées par le CNE, au moins 200.000 signataires devaient confirmer leur choix, en personne, fin juin.
C'est sur ce point précis que doit se prononcer lundi le Conseil national électoral.
En cas de feu vert de l'autorité électorale, il faudra encore quatre millions de signatures afin de pouvoir convoquer le référendum lui-même.
Pour destituer Nicolas Maduro, le "oui" devra dépasser son score à la présidentielle de 2013, soit 7,5 millions de voix.
La MUD espérait que le CNE authentifierait mardi dernier ces 200.000 signatures, après un audit qui a duré près d'un mois.
- Le 'bon sens' ou l''explosion' -
"Il y a deux options à l'heure actuelle: le bon sens, ou bien la crise se prolonge et le pays peut exploser à tout moment", a averti Julio Borges, député et chef de la majorité parlementaire.
"Tout le pays compte sur un changement", a-t-il ajouté.
Mais la Table de l'Unité démocratique a bien du mal en ce moment à faire descendre en masse la population dans la rue pour protester contre le gouvernement, et ce malgré un taux de mécontentement élevé (sept Vénézuéliens sur dix réprouvent la gestion du président).
Il est probable que les divisions internes de l'opposition expliquent en partie cette faible mobilisation des Vénézuéliens, dont beaucoup sont par ailleurs trop occupés à faire la queue pour essayer de se procurer des produits de base.
Ils craignent aussi pour leur sécurité, en raison de l'imposant déploiement policier.
A cet égard, l'organisation de défense des droits de l'homme Human Rights Watch (HRW) a fait savoir mercredi que des opposants à Nicolas Maduro avaient dit avoir été arrêtés et torturés en raison de leurs activités politiques.
- Avant le 10 janvier -
Pour la Table de l'Unité démocratique, il est crucial que le référendum ait lieu avant le 10 janvier 2017, car si M. Maduro est révoqué avant cette date, il y aura des élections anticipées. En revanche, si la consultation se déroule après et si le chef de l'Etat la perd, il pourra désigner son vice-président pour le remplacer.
Nicolas Maduro lui-même a intenté une action pour fraude devant le Tribunal suprême de justice (TSJ), que l'opposition accuse également d'être au service du gouvernement.
De plus, le camp du gouvernement a demandé au CNE l'invalidation de la coalition d'opposition à laquelle elle reproche des "fraudes" pendant la collecte des premières signatures en faveur du référendum.
Selon Eugenio Martinez, un expert en matière d'élections, "l'argument pour invalider la MUD ne tient pas, mais en tant que stratégie politique pour faire durer le processus du référendum, il peut servir le chavisme".
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