Ne l'appelez plus Castor. Pour ses 20 ans, le chantier de rénovation du RER C sous les quais de Seine s'est fondu dans les "travaux d'été" du réseau ferré francilien. Un chantier parmi d'autres, presque banal.
Pourtant, au coeur de la capitale, entre la fontaine Saint-Michel et l'île de la Cité, 300 personnes rénovent jour et nuit un tunnel ferroviaire construit pour l'exposition universelle de 1900.
Sur 150 mètres, ils ont enlevé rails et ballast, mettant à nu le radier en moellon d'origine pour mieux l'ancrer au sol par la technique dite du "jet grouting".
Cette injection sous haute pression d'un coulis d'eau et de ciment permet de créer des colonnes de béton de sol de 15 tonnes, espacées de 2 mètres et scellées par une barre d'acier, précise Jean-Pierre Chastenet, directeur d'opérations chez SNCF Réseau.
Ce socle renforcé devrait logiquement mieux résister aux caprices du fleuve voisin, dont les crues peuvent facilement soulever une voie ferrée. Les travaux effectués depuis 1996 ont d'ailleurs permis de limiter les conséquences des inondations début juin.
Le chantier doit encore se poursuivre plus à l'ouest, vers les Invalides et la Tour Eiffel, jusqu'en 2023.
Comme chaque été, la SNCF devra donc couper le trafic sur le tronçon central de cette ligne, empruntée en temps normal par 540.000 voyageurs quotidiens, dont 10% de touristes.
"L'objectif est de gagner en fiabilité", rappelle M. Chastenet. La fermeture, longue de six semaines cette année, est aussi mise à profit pour réaliser d'autres travaux, comme l'accessibilité des quais ou l'éclairage des gares. "On a disséminé des chantiers tout le long", ajoute-t-il.
La remise en service est programmée pour le 24 août. Après deux semaines de travaux, "on est dans le trait, il reste beaucoup à faire mais on fera tout pour être prêt", affirme Didier Bense, directeur de SNCF Réseau Ile-de-France.
- 1.300 tonnes de ballast par jour -
La même confiance prévaut en aval de la Seine, près du pont de Neuilly, dans le monumental tunnel du RER A, laissé intact depuis les années 60.
A 25 mètres sous terre, une pelleteuse racle inlassablement la couche de ballast, qui atteint par endroits 80 centimètres, en avançant vers Paris, où un autre engin fait le chemin inverse.
Chaque jour, 1.300 tonnes sont ainsi retirées, puis évacuées de nuit dans d'interminables trains de marchandises.
En seulement quatre semaines, la RATP prévoit de renouveler 4.300 mètres de voie entre les stations Auber et La Défense, dans le sens est-ouest.
"Jusqu'à présent tout se déroule comme prévu", assure Vincent le Bihan, chef du projet, qui a tiré les leçons du premier chantier de ce type en 2015.
L'an dernier, sur les 4,3 km prévus, seuls 3 km ont pu être rénovés, soit 1.500 mètres dans chaque sens. "On savait qu'il y aurait une phase d'apprentissage", explique-t-il.
D'où le choix de travailler sur une seule voie plutôt que les deux, avec des trains plus longs et des effectifs plus nombreux, portés à 400 personnes cette année.
D'ici 2021, 24 km de voies devront être changés sur le tronçon central de la ligne la plus fréquentée d'Europe (1,2 million de voyageurs par jour), entrainant de nouvelles coupures estivales en 2017 et 2018.
"L'enjeu est de repartir pour 40 ans sans problème de disponibilité", alors que de nouveaux trains à étage "plus lourds et plus puissants" entrent en service, indique Eric Dyevre, directeur de la gestion des infrastructures de la RATP.
S'il n'y a "pas d'inquiétude à tenir le calendrier" global du projet, aucun arrangement ne sera possible avec le planning. La fin des travaux est prévue le 21 août et "il faut que le 22 août ça tourne", prévient-il.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.