L'Institut national de la statistique et des études économiques a en revanche révisé légèrement à la hausse la croissance du premier trimestre, à 0,7% au lieu de 0,6%.
Le ministère des Finances a jugé que le chiffre du deuxième trimestre était "décevant".
"Il s'explique évidemment avant tout par la croissance exceptionnelle du 1er trimestre, mais également par des effets ponctuels au 2e trimestre, notamment les grèves dans les raffineries qui ont pesé sur la production", a-t-il souligné.
Mais Bercy a assuré que l'économie française restait sur une "dynamique de reprise", et que la croissance nulle du deuxième trimestre ne remettait "pas en cause la prévision de croissance de 1,5% en 2016".
Pour l'heure, l'acquis de croissance - autrement dit la progression annuelle du PIB en cas de croissance nulle sur les deux derniers trimestres - s'établit à 1,1%, selon l'Insee.
Pour Mathieu Plane, de l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), le contrecoup, même s'il était attendu, est "très marqué" et donc "assez surprenant".
"Avec un certain nombre de conditions macroéconomiques, l'arrivée à maturité de certains dispositifs comme le crédit d’impôt compétitivité emploi (CICE), la sortie de la politique d'austérité, la politique accommodante de la Banque centrale européenne, on pourrait s'attendre à une accélération de la croissance", déclare-t-il à l'AFP. "Or, elle ne se produit pas", ce qui est n'est "pas une bonne chose", poursuit-il.
"La question posée est celle de savoir quelle sera l'ampleur du rebond qu'on peut attendre sur les troisième et quatrième trimestres", souligne pour sa part Philippe Waechter, chef économiste chez Natixis.
- L'investissement au coeur des enjeux -
Moteur traditionnel de la croissance dans l'Hexagone, la consommation des ménages a stagné au deuxième trimestre, après avoir été dynamique au premier (+1,2%).
Les dépenses de consommation alimentaires ont notamment nettement reculé, de 0,7%, après +0,4% sur les trois premiers mois de l'année. Vladimir Passeron, chef du département de la conjoncture à l'Insee, y voit pour l'heure un "à-coup passager".
La consommation en services a de son côté baissé de 0,1% contre +0,7%, "contrecoup après l'achat des billets de l'Euro 2016 de football au premier trimestre" et résultat de l'"infléchissement des dépenses en hébergement-restauration", détaille l'Insee.
Les dépenses d'investissement se sont pour leur part repliées, de 0,4%, après avoir augmenté de 1,3% au premier trimestre. Dans le détail, celles des entreprises ont baissé de 0,2% et celles des administrations publiques de 1,7%.
"Il y a eu un effet de suramortissement fiscal, notamment du côté des entreprises, qui a pu beaucoup jouer", observe M. Plane. Ce mécanisme de déduction fiscale exceptionnelle sur les investissements productifs, qui devait prendre fin en avril, a été finalement prolongé, mais la décision a été annoncée tardivement, ce qui pourrait expliquer l'accélération des investissements au premier trimestre.
L'investissement des entreprises en services - dans les logiciels par exemple - a aussi connu un "repli inattendu", a observé M. Passeron.
Pour Philippe Waechter, de Natixis, tout l'enjeu pour le reste de l'année va tourner autour de l'investissement.
Brexit, attentats, élection présidentielle aux Etats-Unis... "Tous ces phénomènes génèrent de l'incertitude et peuvent inciter les chefs d'entreprises à reporter leurs investissements", craint l'économiste.
"Les exportations et l'investissement des entreprises seront affectés par le ralentissement attendu au Royaume-Uni et la hausse des incertitudes", abonde BNP Paribas dans une note.
La production totale, de biens et de services, a aussi légèrement reculé (-0,2%). En particulier, "la production de biens manufacturés recule nettement (?1,0% après 0,0%) du fait principalement de la chute de la production dans les raffineries, affectées par des mouvements sociaux en mai et juin", souligne l'Insee.
Dans la construction, secteur qui commençait tout juste à donner des signes de reprise, elle a baissé de 0,6%, après +0,3% au premier trimestre.
Le commerce extérieur - avec notamment un net repli des importations en produits manufacturés et en hydrocarbures bruts - a en revanche contribué positivement au PIB, à hauteur de 0,3 point de PIB.
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