"Le roi m'a demandé de tenter l'investiture (...) j'ai accepté cette mission", a déclaré Mariano Rajoy en précisant qu'il allait "redoubler d'efforts" pour obtenir les appuis nécessaires au Parlement.
Mariano Rajoy, au pouvoir depuis fin 2011, avait décliné une offre similaire après des élections en décembre 2015, faute d'alliés.
Cette fois il a accepté sans s'engager sur des dates, évoquant "un délai raisonnable", à l'issue duquel il présenterait un programme de gouvernement au Parlement pour lui demander l'investiture.
Son Parti populaire a remporté les élections législatives du 26 juin avec 33% des suffrages et 137 élus, 14 de plus qu'en décembre 2015.
Mais il est très loin de la majorité absolue de 176 sièges qui lui permettrait de gouverner seul.
Il doit donc convaincre les autres formations de lui donner les voix qui lui manquent pour obtenir la confiance du Parlement.
"Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour que l'Espagne ait un gouvernement, mais cela ne dépend pas uniquement de moi", a dit M. Rajoy jeudi soir.
Il a ensuite annoncé qu'il lancerait dès vendredi une nouvelle série de contacts en ce sens, avant de souligner l'urgence de la situation.
L'Espagne est en effet dirigée depuis décembre par un exécutif sortant qui ne peut engager aucune nouvelle réforme, alors que les dossiers chauds s'accumulent.
Il lui faut notamment réduire drastiquement son déficit public après avoir évité de justesse une sanction de la Commission européenne; Madrid doit aussi tenter d'apaiser les ardeurs indépendantistes en Catalogne (nord-est), où le Parlement a voté mercredi pour la mise en oeuvre d'un processus de "déconnexion".
La crise avec la Catalogne est "un des arguments les plus puissants en faveur de la formation d'un gouvernement stable", a encore déclaré M. Rajoy.
- Renouveau -
Lors des législatives de décembre 2015, les Espagnols avaient fait entrer au Parlement deux nouvelles formations, dans un espoir de renouveau pour un pays meurtri par la crise et des années de corruption de la classe politique dirigeante.
Le Parti populaire au pouvoir et son traditionnel adversaire le PSOE (Parti socialiste ouvrier espagnol), avaient dû faire de la place à Ciudadanos, libéral et en croisade contre la corruption et à Podemos, décidé à mettre fin à l'austérité.
Mais le Parlement fragmenté n'avait pas réussi à doter l'Espagne d'un nouvel exécutif car ces quatre formations n'ont jamais trouvé d'accord sur un cabinet.
Un nouveau scrutin législatif, le 26 juin, a reproduit la même situation, même s'il a donné un peu plus d'avance au PP.
"Tout le monde répète le même mot: non, non, non et non", a résumé jeudi matin le chef du parti de centre libéral Ciudadanos, Albert Rivera après avoir vu le roi, au dernier jour des consultations de Felipe VI avec les dirigeants politiques.
L'un après l'autre, ils se sont succédé depuis mardi au palais royal de la Zarzuela, en annonçant au roi leur opposition au leader conservateur, à commencer par le Parti socialiste, qui a un pouvoir de véto avec 85 élus sur 350.
"Le Parti socialiste ne va pas soutenir ce qu'il veut changer", a résumé son chef Pedro Sanchez jeudi devant la presse.
Ciudadanos a renvoyé les deux grands partis dos à dos jeudi.
"Les Espagnols (...) commencent à en avoir marre. Les +vieux partis+ n'ont pas d'excuse pour éviter de s'asseoir à une table et négocier", a dit son chef.
Les Espagnols ont face à eux encore de longues semaines d'été dans l'incertitude, aucun rapprochement ne semblant s'être produit entre socialistes et conservateurs.
La tenue d'un vote de confiance fera courir un délai de deux mois au-delà duquel un nouveau scrutin législatif, le troisième en un an, serait convoqué si aucun nouveau gouvernement n'est investi. M. Rajoy, prêt à discuter encore avec Ciudadanos et les socialistes, a laissé entendre qu'il ne se présenterait pas s'il n'est pas sûr d'être investi.
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