Quelque 3.500 personnes, selon la préfecture de Seine-Maritime, ont assisté à l'hommage rendu par la mairie communiste dans un parc de la commune, avant les obsèques religieuses qui auront lieu mardi après-midi à la cathédrale de Rouen, distante d'une dizaine de kilomètres.
"L'émotion intense en réaction à cet acte ignoble ne se tarira pas, ni ici, ni au delà", a lancé le maire de la ville de 29.000 habitants, Hubert Wulfranc (PCF), très ému à la tribune, un vaste podium noir sur lequel était exposé un portrait du prêtre assassiné.
"Seuls des paroles et des actes de paix au quotidien aideront à la sérénité et à la cohésion des familles d'ici et de partout ailleurs", a-t-il assuré. "Nous sommes au travail, Jacques Hamel, aussi longtemps qu'il le faudra, pour être les derniers à pleurer", a-t-il ajouté, avant d'être longuement applaudi.
Le requiem de Mozart, musique pour les défunts, a retenti dans le parc omnisports Youri Gagarine, dont l'accès était très étroitement contrôlé. L'hommage s'est déroulé à environ 500 mètres du domicile d'Adel Kermiche, un des deux assassins, âgés de 19 ans, dont l'acte a été revendiqué par le groupe Etat islamique.
Plusieurs représentants religieux étaient présents, dont l'archevêque de Rouen Dominique Lebrun, mais aussi des personnalités politiques comme Laurent Fabius, président du Conseil constitutionnel et ancien élu de la région.
"La mort du père Jacques ressemble à celle de Jésus comme la mort de tous les martyrs de la vérité, de la justice, de la paix, de la foi", a lancé devant la foule l'archevêque, avant d'évoquer les liens entre chrétiens et musulmans.
"Ces images ne me quittent pas"
"Notre présence est un engagement à servir la société. Nous pouvons avoir des idées différentes, une foi différente, une culture différente. Cela ne doit pas déclencher des guerres", a-t-il dit, comme en écho au Premier ministre Manuel Valls qui a évoqué mardi le spectre d'une "guerre de religions".
Soeur Danielle, qui s'était enfuie de l'église et avait donné l'alerte, a assisté à la cérémonie aux côtés de soeur Huguette et soeur Hélène, toutes trois prises en otage mardi matin.
"Ces images ne me quittent pas", a-t-elle déclaré à propos de l'attentat. "J'aurai beaucoup de mal à rentrer à nouveau dans l'église car nous serons toujours face à l'autel où Jacques a été assassiné", a-t-elle ajouté.
Dans la foule, Mameri Messaoud, ancien dirigeant harki, s'est fait faire un tee-shirt avec une photo que le père Hamel lui avait donnée. Au dos, il a fait inscrire "Coexiste" avec le croissant musulman, l'étoile de David et la croix chrétienne. "En apprenant la mort de Jacques Hamel, je me sentais un peu chrétien", a-t-il déclaré.
Le Conseil français du culte musulman (CFCM) a appelé jeudi responsables de mosquées, imams et fidèles, à se rendre dimanche à la messe dans une église proche de chez eux, pour exprimer "solidarité et compassion" après "le lâche assassinat" du prêtre.
L'église Saint-Etienne, où le prêtre a été égorgé, sera rouverte "dans quelques semaines" et un "rite pénitentiel de réparation sera accompli afin de rendre au culte l'église profanée", a annoncé le diocèse de Rouen dans un communiqué.
Le prêtre a été tué en célébrant une messe matinale, à laquelle assistaient trois religieuses et un couple de paroissiens, dont le mari a été grièvement blessé à la poitrine. Ce dernier a été réopéré du poumon mercredi et "se porte bien", a indiqué son épouse à l'AFP.
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