Les condamnés, quatre Indonésiens et des ressortissants de différents pays dont le Nigeria, le Zimbabwe, le Pakistan et l'Inde, ont été placés à l'isolement à Nusakambangan (sud), "l'Alcatraz indonésien", un complexe pénitentiaire situé sur une petite île dans le centre de Java, où les exécutions se déroulent habituellement peu après minuit (17H00 GMT).
Les autorités ont accéléré les préparatifs et des ambulances transportant des cercueils ont été vues en route vers Nusakambangan jeudi. Des membres de familles de condamnés ont déclaré avoir été informées que les exécutions auraient lieu dans la nuit, selon un diplomate et un avocat.
Le parquet général à Jakarta, chargé des exécutions, n'a pu être contacté dans l'immédiat. Il s'est refusé depuis plusieurs jours à confirmer une date ou les nationalités des condamnés. A la mi-juillet, il avait indiqué qu'aucun Européen ou Australien dans le couloir de la mort ne serait exécuté cette année.
C'est la troisième série d'exécutions depuis l'arrivée au pouvoir en octobre 2014 du président Joko Widodo, qui défend le recours à la peine de mort pour combattre le trafic de drogue en hausse.
D'un avis opposé, le haut-commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, Zeid Ra'ad Al Hussein, a appelé mercredi l'Indonésie à renoncer "immédiatement" au recours "injuste" à la peine de mort.
L'Union européenne a également demandé à Jakarta d'abandonner la peine capitale, "une sanction cruelle inhumaine qui n'est pas dissuasive et représente un inacceptable déni de la dignité et de l'intégrité humaines".
Mais le porte-parole du ministère indonésien des Affaires étrangères, Arrmanatha Nasir, a défendu jeudi les exécutions en soulignant qu'il s'agissait d'une "pure application de la législation" dans ce pays d'Asie du Sud-Est.
"Je me dois d'insister sur le fait que toutes les procédures judiciaires des condamés ont été conclues, et ils ont joui de tous leurs droits", a déclaré le porte-parole.
- 'Une personne innocente' -
De son côté, l'ONG Amnesty International a écrit au ministre indonésien de la Justice pour exprimer ses "profondes préoccupations" quant aux exécutions à venir, déplorant dans un communiqué de graves violences physiques de la police contre plusieurs condamnés forcés à signer des aveux.
L'ONG cite ainsi le cas du Pakistanais Zulfiqar Ali, condamné pour la possession de 300 grammes d'héroïne et clamant son innocence depuis le début de l'affaire en 2004. Il a été "battu à coups de pieds et de poings et menacé de mort jusqu'à ce qu'il signe un document reconnaissant sa culpabilité", affirme Amnesty.
Très préoccupé par l'exécution à venir de son ressortissant, le Pakistan a convoqué cette semaine l'ambassadeur d'Indonésie à Islamabad pour lui faire part de ses vives inquiétudes.
Ces préoccupations sont même partagées par un haut responsable indonésien. Hafid Abbas, ancien directeur général du ministère de la Justice, a ainsi confié à l'AFP que le Pakistanais était une "personne innocente" et qu'il avait recommandé la clémence.
Amnesty ajoute qu'un Nigérian et une Indonésienne qui devraient être exécutés eux aussi dans la nuit ont également été sévèrement battus par la police pour les forcer à avouer des faits qu'ils nient avoir commis.
La précédente série d'exécutions en avril 2015 de huit hommes -- deux Australiens, un Brésilien, quatre Nigérians et un Indonésien -- condamnés à la peine capitale pour trafic de drogue dans des affaires distinctes, avait provoqué de vives critiques internationales, l'Australie allant jusqu'à rappeler temporairement son ambassadeur.
Parmi les autres étrangers dans le couloir de la mort en Indonésie figurent le Français Serge Atlaoui et la Philippine Mary Jane Veloso, condamnés pour trafic de drogue et tous deux retirés de la liste lors de la dernière série d'exécutions l'an passé.
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