Le jeune habitant d'Aix-les-Bains, en Savoie, qui arborait une courte barbe, avait empoché son bac pro section commerce en 2015 et faisait depuis de l'intérim à l'aéroport ou dans un magasin du centre-ville après avoir enchaîné des stages dans la vente.
Il aimait, selon son CV, les films de science-fiction, les jeux vidéo, la musique et la boxe anglaise.
Abdel Malik Petitjean est mort à près de 700 kilomètres de son domicile, près de Rouen, abattu par la police après l'attaque menée avec Adel Kermiche au cours de laquelle le prêtre Jacques Hamel a été égorgé, un assassinat inédit dans un lieu de culte en France revendiqué par le groupe jihadiste Etat islamique (EI).
Si Kermiche était radicalisé depuis de longs mois et avait fait de la détention pour avoir tenté d'aller en Syrie en 2015, Petitjean était inconnu de la justice. Cela a retardé son identification formelle, ses empreintes digitales et son ADN n'apparaissant dans aucun fichier, et les balles de la police ayant défiguré son visage.
Mais sa radicalisation avait été récemment signalée: une fiche "S" à son nom a été établie le 29 juin, moins d'un mois avant son attaque jihadiste, pour avoir lui aussi tenté de rejoindre la Syrie via la Turquie. En outre Petitjean ressemblait fortement à la photo d'un homme suspecté de préparer un attentat en France, diffusée le 22 juillet à divers services de police à la suite d'un renseignement d'un service étranger.
A Franklin, un quartier HLM récemment rénové, l'incrédulité prédomine chez les habitants qui décrivent un jeune parfaitement normal.
Dans son appartement où défilent les journalistes, quelques heures après une perquisition des services antiterroristes, Yamina Boukezzoula, la mère, ne voulait pas croire mercredi, elle non plus, en la culpabilité de ce fils aux traits encore enfantins.
- "Tu me manques grave" -
"C'est un bon Français. Il est doux. Je connais mon gamin. Je connais mon fils, il n'est pas impliqué du tout", affirmait-elle, peu avant la confirmation officielle de son implication dans l'assassinat du prêtre.
Né à Saint-Dié-des-Vosges (Vosges) le 14 novembre 1996, Abdel Malik Petitjean a grandi avec ses deux soeurs dans une famille recomposée, d'abord dans l'est de la France avant de déménager à Montluçon (Allier) puis à Seynod (Haute-Savoie) et enfin à Aix-les-Bains.
Il fréquentait la mosquée à un jet du quartier Franklin, selon le président de l'association qui gère ce lieu de culte, qui l'a reconnu mercredi sur la vidéo diffusée par l'EI dans laquelle Petitjean et Kermiche, barbus, prêtent allégeance en arabe au groupe jihadiste.
Cette mosquée avait été visée par un incendie criminel après l'attaque contre Charlie Hebdo en janvier 2015.
"Je l'appréciais beaucoup. On n'a jamais eu de problème avec lui à la mosquée. Pas de remarque étrange, toujours souriant... C'est incroyable! Tous les fidèles sont choqués car ils le connaissaient pour sa gentillesse, son calme. On n'a jamais eu un signe de radicalisation. Qu'est-ce qui s'est passé dans sa tête?", s'interroge Djamel Tazghat, le président de l'association.
"C'est difficile à croire. Il était contre Daech", le groupe EI, "il n'était pas radical du tout", glisse Hakim, 17 ans, qui se présente comme un ami de Petitjean.
Selon sa mère, Abdel Malik était parti lundi en covoiturage pour, lui avait-il dit, rejoindre un cousin à Nancy.
Son dernier message à sa mère remonte à mardi matin, juste avant l'attaque à Saint-Etienne-du-Rouvray: "T'inquiète pas. Tout va bien, fais dodo. Je t'aime", lui a-t-il écrit par texto.
Mercredi après-midi, sa mère s'accrochait encore à ce fils qu'elle croyait connaître, avec un dernier message au téléphone: "Malik, c'est maman, je ne sais pas où t'es. J'ai une mauvaise nouvelle. Rappelle-moi, c'est la police qui est venue. Elle raconte des conneries. J'espère qu'il ne t'est rien arrivé mon fils. Je t'aime, tu me manques grave."
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