Le Premier ministre Binali Yildirim a prévenu mercredi, dans un entretien avec la chaîne de télévision britannique Sky News, qu'il "pourrait y avoir de nouvelles arrestations", en plus de toutes celles déjà intervenues depuis le coup d'Etat avorté du 15 juillet, tandis que le monde des médias était secoué par des dizaines de nouveaux mandats d'arrêt contre des journalistes.
Les vastes purges qui visent aussi bien l'armée que la justice, les médias et l'éducation, ne sont pas "pas terminées", a averti le Premier ministre.
Selon le ministre de l'Intérieur Efkan Ala, cité par l'agence de presse Anadolu, 15.846 personnes ont été placées en garde à vue depuis le coup d'Etat. Un responsable turc a indiqué à l'AFP que 3.000 suspects avaient depuis été libérés et que 8.113 étaient en détention préventive.
Mercredi, la justice turque a annoncé 47 nouveaux mandats d'arrêt visant d'ex-employés du quotidien Zaman en raison de leurs liens supposés avec le réseau de l'imam Fethullah Gülen, qu'Ankara accuse d'avoir fomenté le coup d'Etat. Celui-ci l'a nié avec véhémence depuis les Etats-Unis où il vit en exil.
Les procureurs avaient déjà émis en début de semaine 42 mandats d'arrêt contre des journalistes dont les arrestations se poursuivent.
Le Conseil militaire suprême (YAS) doit se réunir dans la capitale turque à partir de jeudi matin et un vaste remaniement de la haute hiérarchie militaire est attendu.
Le ministre de l'Energie et gendre du président turc Recep Tayyip Erdogan, Berat Albayrak, a révélé mercredi que le YAS avait l'intention, avant la tentative de coup d'Etat, de se réunir dans le courant de l'été pour expulser de l'armée tous les officiers soupçonnés d'être liés à l'imam Gülen, ancien allié devenu depuis des mois la bête noire du régime islamo-conservateur.
Le YAS "était sur le point de prendre des mesures importantes pour démettre les officiers et généraux gulénistes des forces armées", a-t-il dit lors d'une rencontre avec des journalistes étrangers à Ankara.
Cette purge dans l'armée, a-t-il expliqué, aurait été seulement l'un des volets d'une campagne plus vaste destinée à priver de leurs postes des personnes accusées d'être pro-Gülen dans la justice et d'autres institutions.
- Putschistes 'aux abois' -
Toujours selon ce proche du président Erdogan, quand les militaires soupçonnés d'être liés à Gülen ont eu vent de l'imminence de leur limogeage, "ils ont pris la décision, aux abois" de renverser le pouvoir en place par la force pour tenter de préserver leurs positions.
M. Albayrak, qui était avec le président Erdogan en vacances dans la station balnéaire de Marmaris (ouest) lors du coup d'Etat manqué, a assuré que seule une petite proportion des forces armées avait soutenu le putsch mais que des gulénistes avaient infiltré la haute et moyenne hiérarchie militaire.
D'après des chiffres officiels, un total de 8.651 militaires a pris part au putsch raté. Les mutins ont utilisé 35 avions de chasse, 37 hélicoptères, 246 véhicules blindés dont 74 chars, ainsi que trois bateaux.
Le gendre de M. Erdogan a raconté comment la famille avait appris la nouvelle du coup d'Etat en cours. "Nous avons reçu le premier coup de téléphone d'un civil de la région d'Istanbul", a-t-il dit alors que divers hauts responsables ont évoqué des failles dans le renseignement.
Ensuite, le président n'a pas pu joindre son chef d'état-major Hulusi Akar - qui avait été enlevé par les mutins - ni d'autres gradés de haut rang et la gravité de la situation est apparue, a poursuivi le gendre de M. Erdogan.
"Nous avons pu parler avec plusieurs ministres et nous avons vu que cela n'était pas une petite chose mais une tentative de putsch coordonnée", a-t-il expliqué.
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