L'église Saint-Etienne, où Jacques Hamel, 86 ans, a été tué par deux djihadistes, restait bouclée 24 heures après le drame, des camions de CRS en barrant l'accès. C'est donc la mairie toute proche qui sert de principal lieu de recueillement pour les Stéphanais.
Roses blanches, ours en peluche et bougies s'accumulent devant l'entrée, ainsi que des messages, souvent anonymes, comme : "Ce qui empêche les gens de vivre ensemble, c'est leur connerie, pas leurs différences".
A l'intérieur du bâtiment, on fait la queue pour signer le registre de condoléances. Dans les rues au silence pesant malgré la présence des forces de l'ordre et de très nombreux journalistes du monde entier, les anciens font leurs courses, les commerces ayant rouvert après avoir été contraints de fermer leurs portes la veille.
"On ne va pas subir la loi de certains", lance Evelyne Hurot, satisfaite de pouvoir rouvrir sa maroquinerie.
Mais le drame est dans toutes les conversations.
"Je vais à la messe et je n'y étais pas ce jour-là. Ca m'a bouleversée, c'est atroce", lâche Nicole, 65 ans, tandis que, juste devant le cordon jaune et rouge qui interdit l'accès à l'église, un fleuriste dépose une gerbe au nom des Associations musulmanes de France.
La petite ville ouvrière de 29.000 habitants est en larmes, comme son maire, Hubert Wulfranc, qui a fait une déclaration pleine d'émotion mardi soir devant le parvis de sa mairie.
"Soyons ensemble les derniers à pleurer et soyons ensemble les derniers à être debout contre la barbarie et dans le respect de tous", avait lancé le maire de cette ville, communiste depuis des décennies.
- 'Faut vivre avec' -
Une marche blanche est prévue jeudi après-midi au départ de l'Hôtel de ville. Sans attendre, les habitants se rassemblent devant un autre lieu symbolique : la porte de la maison du prêtre assassiné.
"Repose en paix Jacques Hamel, que les portes du paradis te soient ouvertes", peut-on lire sur un message laissé au milieu de bougies encore allumées et de bouquets de fleurs à même le sol.
Dans la petite commune, le prêtre qui y vivait depuis dix ans était bien connu.
"Il a baptisé mes enfants et marié un de mes fils en septembre 2010. On a l'impression que c'est irréel et puis, d'un coup, ça arrive près de chez nous. Ici c'est paisible", observe Catherine, les larmes aux yeux. "Faut vivre avec", se résigne-t-elle.
Patrick, un retraité, se souvient du père Hamel comme d'un... amateur de foot. "Je le voyais dans les tribunes du stade Robert Diochon", raconte-t-il, tout en redoutant les "amalgames" qui visent la communauté musulmane.
"C'est absolument dramatique. C'est une ville prolétaire, certes, mais arrêtons de dire que c'est un foyer jihadiste comme je l'ai vu à la télévision. Ca fait 40 ans que je vis ici, c'est paisible dans cette cité", martèle Patrick, qui espère que la peur "va s'estomper avec le temps".
Dans l'autre église de la ville, Sainte-Thérèse, construite sur les hauteurs dans les quartiers neufs, une liturgie est prévue dans la soirée. C'est cette église qui a partagé son terrain pour construire la mosquée, inaugurée en 2000.
Mardi soir, lors de la prière, une petite centaine de fidèles s'y sont réunis autour de l'imam qui a rappelé que l'islam est une religion de paix et n'autorise en aucun cas ce type d'action.
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