Petite taille, visage émacié, le regard perçant, d'un incroyable dynamisme pour son âge, le père Hamel n'aura jamais pris sa retraite.
Né à Darnétal, près de Rouen, en 1930, ordonné prêtre en 1958, il avait fêté son jubilé d'or pour les cinquante ans de son sacerdoce en 2008. Le père Hamel n'était "plus" que prêtre auxiliaire. Mais son incessante activité aux côtés du père congolais Auguste Moanda Phati, curé de la paroisse, était la bienvenue, compte tenu de la pénurie de prêtres dans le diocèse de Rouen.
Baptêmes, communions, mariages, enterrements: dans cette ville ouvrière d'un peu moins de 30.000 habitants, chaque Stéphanais l'avait approché.
De l'autre côté de la place de la mairie, il recevait dans le presbytère, une maison de deux étages avec cour intérieure et un appentis pour abriter sa vieille Renault 19 qu'il conduisait encore.
Au rez-de-chaussée de la maison, une salle de réunion, équipée d'un vieux téléviseur, lui permettait de recevoir les paroissiens, petits et grands.
"C'est là que j'ai fait mon catéchisme puis ma préparation au mariage", témoigne Arnaud Paris, 44 ans, natif de la ville. "Puis il a pris en charge l'éducation religieuse de mes deux filles jusqu'à leur communion il y a trois ans", ajoute-t-il.
- L'ami des bons et mauvais jours -
"Il était très gentil mais pouvait être sévère, il fallait aller dans son sens", précise-t-il.
Au delà de son rôle religieux, le prêtre au crâne dégarni était le confident, l'ami des bons et mauvais jours. "J'allais souvent le voir. Il m'a aidé pendant ma chimiothérapie et après le départ de mon mari", confie Martine B., une autre habitante.
Au sein du diocèse, parmi ses pairs, le père Hamel était unanimement apprécié.
"C'était un homme passionné par ce qu'il faisait. Il étonnait tout le monde par son dynamisme", déclarait le vicaire général du diocèse Philippe Maheut quelques heures après le drame.
"C'était un homme bon", résume Alexandre Joly, jeune curé du Grand Quevilly, une ville voisine.
Tué au pied de son autel, le père Hamel était bien conscient des temps troublés vécus par la France. Participant dans sa paroisse au dialogue inter-religieux, il avait délivré un message le mois dernier dans la lettre paroissiale.
"Puissions-nous, en ces moments entendre l'invitation de Dieu à prendre soin de ce monde, à en faire, là où nous vivons, un monde plus chaleureux, plus humain, plus fraternel", avait-il écrit.
Mohammed Karabila, président du Conseil du culte musulman de Haute-Normandie et de la mosquée de Saint-Étienne-du-Rouvray, voyait en lui un "ami", "quelqu'un qui a donné sa vie aux autres".
Le prêtre et l'imam s'étaient retrouvés à plusieurs reprises "lors d'interventions publiques dans des salles des fêtes". "Nous faisions partie d'un comité interconfessionnel depuis 18 mois. Nous discutions de religion et de savoir vivre ensemble", a rappelé M. Karabila.
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