Sur les escaliers extérieurs de l'imposant Teatro Municipal, l'Opéra de Rio, une soixantaine d'entre eux ont charmé les passants en interprétant une demi-douzaine de chansons dans le cadre du projet "With One Voice" (D'une seule voix), lancée par l'ONG britannique Streetwise Opera en 2012 pour les JO de Londres.
C'est un moyen de mettre en valeur les talents artistiques de ces exclus de la société "et de leur donner un peu de dignité et de visibilité", explique à l'AFP Matt Peacock, fondateur de l'ONG.
Cette semaine, à quinze jours du début des Jeux (5-21 août), cette soixantaine de SDF -- sur les quelque 5.500 de la ville qui vivent dans la rue ou dans des abris municipaux, selon la mairie--, ont eu l'occasion de briller en donnant des concerts, en faisant du théâtre et en participants à des ateliers artistiques.
Au premier rang de cette chorale qui a commencé par la chanson "Caçador de mim" du chanteur-compositeur brésilien Milton Nascimento, se trouve Elizabeth Miguel.
"Pour tant d'amour / pour tant d'émotion / la vie m'a fait comme ça...", chante-t-elle yeux fermés.
"Nous nous laissons aller, nous oublions notre tristesse", confie cette femme de 58 ans qui a voyagé en Italie dans sa jeunesse avec une compagnie de danse itinérante.
Mme Miguel vit dans la rue depuis le 27 mars, une date dont elle se souvient bien parce que c'était le dimanche de Pâques : elle a dû quitter son domicile faute de pouvoir payer son loyer. Elle se dit déterminée à récupérer des forces "pour retrouver (son) ancienne vie".
- Une énergie énorme -
Pour le responsable de cette ONG, qui n'offre ni argent ni nourriture, le concert en plein air aide les sans domicile fixe à échapper un temps à leur dure réalité.
"Tout comme ils ont besoin d'une soupe chaude ou d'un abri, ils ont besoin de se sentir bien avec eux-mêmes, de se sentir les bienvenus et non plus ignorés ou rejetés", souligne Matt Peacock.
"Ces gens passent par tellement de traumatismes dans leur vie que l'art peut construire le bien-être. Ils se sentent bien dans leur peau, physiquement et mentalement", ajoute-t-il.
Un musicien SDF, Jorge Alexandre junior, 40 ans, embrasse son chapelet en plastique avant chaque chanson.
Il a chanté et dansé avec une énergie énorme, les yeux brillants.
"Je me suis retrouvé dans la rue à cause de la drogue. Je ne voulais pas me droguer à la maison, alors je suis habitué à vivre dans mon +hôtel en carton+ dans la rue", dit-il.
Récemment, il a déménagé dans un abri municipal.
Le spectacle est applaudi par les passants qui demandent même un "bis" mais il est temps pour la musique de s'arrêter et pour les SDF de retourner à leur amère réalité.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.