Il y a eu peu après le début de l'opération, qui a démarré vers 06H30, des mouvements de foule. Les gens se pressent, veulent monter dans les bus qui arrivent au compte-goutte. Les forces de l'ordre qui les contiennent les ont repoussés en utilisant des bombes lacrymogènes.
Les cars doivent les conduire dans des centres d'hébergement en Ile-de-France et en province. 1.500 places ont été mobilisées, dont environ 500 en gymnase.
Entre 1.200 et 1.400 personnes, pour la plupart des hommes, originaires d'Erythrée, de Somalie ou d'Afghanistan, avaient été recensées ces derniers jours dans ce campement situé entre les stations de métro Jaurès et Colonel Fabien, à cheval sur les Xe et XIXe arrondissements.
Mubarak Abdullah vient du Soudan avec sa femme et ses deux enfants en bas âge, aux mines fatiguées. "J'ai besoin d'aide", explique-t-il en anglais avant de monter dans un des premiers cars affrétés.
Mahamat Moussa, 19 ans vient lui du Tchad, qu'il a quitté à cause des "problèmes ethniques", dit-il. Il est en France depuis dix mois. Dans le camp "c'est très difficile, on n'a pas de couvertures, de douches, de toilettes. Moi je dors sur un carton, ma capuche sur la tête".
La foule s'était installée progressivement sur le terre-plein central envahi par des centaines de tentes et de matelas, au milieu des détritus et des flaques d'urine. A quelques mètres se trouvent des locaux de France terre d'asile, où les migrants font leur première demande d'enregistrement.
Le week-end dernier, des rixes avaient éclaté entre migrants, nécessitant l'intervention de policiers et CRS.
- "Sentiment d'épuisement" -
Pierre Henry, directeur général de France Terre d'asile, confie son "sentiment d'épuisement": "il faut dans toutes les capitales régionales des centres pour accueillir et orienter les migrants, pour arrêter d'attirer les gens à Paris et à Calais. Si ce n'est pas fait, c'est que la décision politique n'est pas prise".
L'opération est menée en présence du préfet de région Jean François Carenco, de la préfète de Paris Sophie Broca, de représentants du ministère du logement, de la mairie de Paris, de l'Ofii (Office francais de l'immigration et de l'intégration) et d'associations.
Didier Leschi, directeur général de l'Ofii, explique que lors des dernières évacuations, "il y a 90% d'hommes, avec une moyenne d'âge de 25 ans. Ils viennent en majorité d'Afghanistan, du Soudan, d'Erythrée. Là, il y a aussi des gens d'un peu partout, du Maghreb..."
"Des gens qui peuvent demander l'asile mais ne veulent pas parce que la France n'est qu'une étape, d'autres qui n'ont pas fait les démarches", poursuit-il. Quelques-uns aussi "qui ont obtenu le statut de réfugié mais ne trouvent pas d'emploi et ne savent pas où se loger", et certains "qu'on évacue et qui reviennent...".
Depuis un an, les campements se sont régulièrement reconstitués dans les quartiers proches de la gare du Nord, débouchant à chaque fois sur une évacuation.
La Coordination française pour le droit d'asile (CFDA), qui regroupe des associations d'assistance aux migrants, a déploré jeudi le "harcèlement policier et administratif" dont sont victimes les personnes exilées, alors que "la France a l'obligation d'accueillir dignement et d'héberger l'ensemble des personnes qui demandent une protection sur son territoire".
"Cet accueil doit en principe se faire dans des CADA (centres d'accueil pour demandeurs d’asile) où elles doivent être suivies et accompagnées tout au long de leurs démarches", rappelle la CFDA. Mais "dépit de créations importantes de places d'hébergement (+20.000 en deux ans), les capacités demeurent insuffisantes".
La maire de Paris, Anne Hidalgo, a annoncé la création à la mi-septembre d'un centre humanitaire de réfugiés dans le nord de la capitale.
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