François Hollande est pour sa part arrivé jeudi matin en Irlande, dans le cadre de sa tournée destinée à "relancer" l'Union européenne sans le Royaume-Uni.
Il doit y rencontrer dans la matinée le Premier ministre irlandais de centre-droit Enda Kenny et le président Michael D. Higgins, avant d'aller rencontrer la communauté française.
La journée résume les deux grands défis européens après la victoire du "leave" au référendum du 23 juin: quel avenir pour une UE en panne sèche? Et quid de la future relation entre le Royaume-Uni et l'Europe?
Theresa May sera reçue par le président français pour leur première rencontre depuis son arrivée au 10 Downing Street, après une première rencontre avec Angela Merkel mercredi.
La Grande-Bretagne ne demandera pas la sortie de l'UE "avant la fin de l'année", a annoncé à Berlin Mme May à Mme Merkel, qui s'est dite prête en retour à attendre que Londres arrête "une position de négociation bien définie".
Londres reste maître du calendrier pour activer l'article 50 des traités européens sur les modalités de sortie de l'UE. Une fois la demande déposée, les négociations devront s'achever dans un délai de deux ans, ce qui rend possible un départ de la Grande-Bretagne à l'horizon 2019.
La France entend surtout porter un message ferme sur un autre volet: s'il semble acceptable de donner "quelques mois" à Mme May pour notifier officiellement Bruxelles du départ britannique, il n'est pas question d'un "statut spécial" qui entraînerait de longues négociations.
"Le Royaume-Uni ne peut pas dire: +voilà ce qui m'intéresse dans la relation avec l'UE et voilà ce que je ne veux pas, et donc on va essayer de configurer un nouvel accord+, ça, ce n'est pas possible", résume un diplomate. "Il faudra choisir parmi les différentes options qui existent", par exemple sur un modèle norvégien relativement intégré, ou celui de la Suisse, plus distendu.
Les 27 apparaissent en position de force: la City a cruellement besoin d'un "passeport financier" européen pour ses établissements afin de rester la première place financière européenne.
- Irlande unifiée ? -
Si le Royaume-Uni dans son ensemble a voté pour la sortie, l'Irlande du Nord et l'Ecosse ont voté contre, ce qui a réveillé les scénarios d'une indépendance écossaise, voire celle d'une unification de l'Irlande.
Lundi, le Premier ministre irlandais Enda Kenny lui-même a évoqué cette dernière hypothèse, en jugeant qu'un référendum pourrait avoir lieu s'il y avait une "indication claire" qu'une majorité de Nord-Irlandais souhaite quitter le Royaume-Uni. Un scénario qu'il a comparé à la réunification allemande. "Cela doit être traité dans les discussions", a-t-il dit.
Entamée au Portugal mardi, la mini-tournée de François Hollande vise à jeter les bases d'une nouvelle phase européenne avant le sommet de Bratislava le 16 septembre.
M. Hollande, Mme Merkel et le chef du gouvernement italien Matteo Renzi, qui ont appelé le 27 juin à Berlin à une "nouvelle impulsion" pour l'Europe, doivent se retrouver le 22 août en Italie.
Au premier rang des priorités de la France: renforcer la coopération européenne sur la sécurité et la défense, alors qu'avec le départ du Royaume-Uni s'éloigne le premier budget militaire national de l'UE.
Sur le volet économique, les efforts français portent notamment sur une "harmonisation fiscale et sociale". Un serpent de mer dans l'histoire récente de l'UE qui risque de heurter un point sensible en Irlande: son faible impôt des sociétés de 12,5%, qui attire de très nombreux sièges sociaux d'entreprises et nourrit des accusations de dumping fiscal.
Paris et Dublin feront en tout cas un pas sur le plan énergétique: un accord doit être signé pour une nouvelle phase d'études pour une possible connexion électrique sous-marine entre la Bretagne et l'Irlande.
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