"Ici, tout est un problème", explique cet Afghan arrivé de son pays il y a un mois et demi. "Pas de douche, pas de toilettes, pas de nourriture", liste en anglais cet étudiant en mathématiques aux yeux bleus, qui dit avoir fui Kandahar à cause des jihadistes et des Talibans.
Énième reconstitution de campement à Paris, où 25 évacuations ont eu lieu depuis un an: des centaines de migrants et demandeurs d'asile se sont installés ces dernières semaines entre les stations de métro Jaurès et Colonel Fabien, à cheval sur les Xe et XIXe arrondissements.
Au fil des jours, le campement composé en majorité d'hommes de 20 à 40 ans, venus pour la plupart d'Erythrée, de Somalie ou d'Afghanistan, s'est aussi étendu sur les trottoirs du Quai de Jemmapes, de l'autre côté du boulevard de la Villette.
Dans la soirée de samedi, des rixes ont éclaté entre migrants, nécessitant l'intervention de policiers et CRS.
Une bagarre a ainsi éclaté entre un groupe de Soudanais et d'Afghans au moment d'une distribution de nourriture, explique Aref, 24 ans, Afghan arrivé à Paris il y a deux ans, qui vient de temps en temps sur le campement renseigner les demandeurs d'asile sur leurs démarches administratives.
Selon lui, les policiers sont également intervenus mardi matin pour libérer l'accès à une plateforme d'enregistrement d'accueil des demandeurs d'asile (Pada) gérée par l'association France terre d'asile dans le quartier.
- 'Situation inadmissible' -
Quelques heures plus tard, Halima, Marie-Laure et Marie, la cinquantaine, cherchent entre les tentes "les femmes et les enfants" pour leur offrir en priorité des sandwichs qu'elles ont préparés. Elles travaillent dans le quartier, sont venues sur leur pause déjeuner: "c'est une goutte d'eau dans l'océan", mais, disent-elles en choeur, "on ne peut pas se résoudre à cette situation inadmissible".
"Sur le plan humain, sanitaire et sécuritaire, la situation est désastreuse", s'alarme de son côté François Dagnaud, maire socialiste du 19e arrondissement, qui évalue à 800 le nombre de personnes présentes sur le campement. "Un chiffre fluctuant et en augmentation", précise-t-il.
Il ajoute avoir mis en place, avec son homologue du 10e arrondissement, "les dispositifs d'accompagnement d'urgence qui relèvent de nos compétences municipales: une quinzaine de cabines de sanitaires ont été installées ainsi que des points d'eau potable et des containers pour collecter les déchets".
Les deux maires ont demandé une mise à l'abri d'urgence le 11 juillet dans un courrier aux ministres du Logement et de l'Intérieur, Emmanuelle Cosse et Bernard Cazeneuve.
"Si des initiatives de solidarité spontanée de riverains se sont mises en place pour suppléer ce qui est hélas perçu comme une carence des pouvoirs publics, ce campement ne peut pas, ne doit pas être laissé dans l'oubli au coeur de l'été", écrivent-ils.
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