Au terme d'un deuil national de trois jours à la mémoire des 84 victimes de l'attentat au camion bélier de Nice, le chef de l'Etat se rend successivement à Lisbonne mardi puis Dublin jeudi pour préparer un sommet crucial en septembre sur l'avenir de l'Europe.
Il a néanmoins reporté à la rentrée plusieurs étapes de sa tournée - Vienne, Prague, Bratislava - prévues cette semaine alors que la France reste sous le choc d'un attentat revendiqué par le groupe Etat islamique (EI).
Il a aussi raccourci sa visite à Lisbonne en raison d'un Conseil des ministres mardi matin sur la prolongation de l'état d'urgence, qui devrait donner lieu à un débat houleux dans la soirée à l'Assemblée nationale.
Loin de l'union sacrée des premiers attentats, François Hollande essuie de vives critiques de la droite comme de l'extrême droite qui jugent sa politique de lutte contre le terrorisme insuffisante.
Les Républicains ont posé plusieurs conditions pour voter cette prolongation et demandent une commission d'enquête parlementaire sur les circonstances de l'attaque, la plus meurtrière en Europe depuis les attentats du 13 novembre à Paris (130 morts) et du 22 mars à Bruxelles (32 morts).
Après ce nouveau coup de semonce sécuritaire, les entretiens de François Hollande avec le président portugais Marcelo Rebelo de Sousa et le Premier ministre Antonio Costa seront en grande partie axés sur le renforcement de l'Europe de la défense.
La visite a été "bouleversée" par l'attentat du 14 juillet, qui pose une fois de plus, selon Paris, la question de la solidarité entre pays de l'UE en matière de défense.
Face au défi du terrorisme et aux crises régionales qui font rage aux portes mêmes de l'Europe, de la Syrie à la Libye, "il revient aux Européens d'assurer leur propre sécurité" et de faire plus pour leur défense, martèle le président français.
- Défense, emploi et jeunes -
La France estime de son côté "faire déjà plus que son devoir", notamment au Sahel où elle est en première ligne, avec 3.500 soldats, face aux jihadistes.
La décision du Royaume-Uni de sortir de l'UE a aussi provoqué un électrochoc, rendant plus urgente encore, selon plusieurs capitales européennes, la nécessité de réformer l'Europe pour la rendre plus "lisible" et retrouver la confiance des citoyens.
Le président français, la chancelière allemande Angela Merkel et le chef du gouvernement italien Matteo Renzi ont appelé le 27 juin à Berlin à une "nouvelle impulsion" pour l'Europe. Ils doivent se retrouver le 22 août en Italie.
Dans ce contexte lourd, François Hollande prend son bâton de pèlerin pour tenter de forger un consensus autour de quelques priorités : plus de défense européenne, plus d'investissements européens, créateurs d'emplois, et plus d'Europe pour la jeunesse.
"Il faut maintenant entrer dans des propositions concrètes. Il faut aussi rassembler les 27. Il ne s'agit pas d'en rester à ce qu'on a dit à trois. Dans ce travail, chaque Etat a voix au chapitre", insiste un diplomate français.
Cette dynamique, appuyée par Berlin et Rome, vise à jeter les bases d'un "consensus politique" au sommet de Bratislava le 16 septembre pour lancer ensuite "rapidement" le chantier de la modernisation de l'UE.
Côté défense, la France propose de renforcer la capacité de planifier et conduire des opérations communes. L'Europe doit pouvoir mobiliser plus vite des soldats et "mutualiser" plus de moyens militaires dans des opérations extérieures, selon un diplomate français.
Plusieurs pays européens, dont le Portugal avec 130 hommes en Centrafrique, ont déjà répondu à la demande d'assistance militaire de la France après les attentats de novembre 2015.
Quant à l'emploi, le président Hollande préconise de doubler d'ici cinq ans le volume d'investissements du plan Juncker (315 milliards d'euros de 2015 à 2018).
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