"Ces policiers ont été visés intentionnellement et assassinés. C'est un acte calculé contre ceux qui travaillaient pour protéger chaque jour cette communauté", a déclaré Michael D. Edmonson, chef de la police de l'Etat de Louisiane, lors d'une conférence de presse, soulignant l'"incontestable brutalité" du tueur.
Le chef de la police de Baton Rouge, Carl Dabadie, s'est même dit convaincu que le tueur "n'allait pas s'arrêter là" et "qu'il allait se rendre au commissariat où il allait encore tuer".
M. Dabadie a justifié l'intervention du SWAT, l'unité d'intervention de la police (équivalent du Raid en France), face à des tueurs "qui ne respectent pas les règles". La police américaine est accusée de militarisation croissante.
Armé d'un fusil d'assaut et d'un pistolet --et un second fusil dans sa voiture--, Gavin Eugene Long, le jour de ses 29 ans, a ouvert le feu quand des policiers alertés de la présence d'un homme armé dans la ville sont arrivés sur place.
Pour des raisons encore inexpliquées, il a abattu trois agents --dont un Noir-- et en a blessé trois autres, avant d'être tué. Il a visiblement utilisé sa formation d'élite chez les Marines pour tirer depuis plusieurs endroits en bougeant constamment, a raconté la police, carte à l'appui.
Militant noir et observateur des tensions raciales aux Etats-Unis, son profil fait penser à celui de Micah Johnson, l'ancien militaire Noir qui a abattu le 7 juillet cinq agents à l'issue d'une manifestation dénonçant les violences policières contre la communauté noire.
Selon son compte Twitter @ConvosWithCosmo, Long s'était rendu à Dallas dans la foulée.
- Violence et théories du complot -
Comme le tueur de Dallas, Gavin Eugene Long semblait avoir redoublé d'intérêt pour les causes noires aux Etats-Unis ces dernières années et suivait attentivement le regain de tension entre la minorité noire et les forces de l'ordre dans le pays.
Ces tensions sont vives à Baton Rouge, où la police a réprimé sans ménagement ces dernières semaines des manifestations après qu'un vendeur ambulant noir a été abattu par un policier, alors qu'il résistait à son arrestation.
Mais "à ce stade rien ne nous laisse à penser que (la tuerie) a quelque chose à voir avec" la mort de cet homme, a précisé la police lundi.
L'an dernier, Long avait changé légalement de nom pour devenir "Cosmo Ausar Stepenra", revendiquant son appartenance à la Nation Washitaw, un groupe noir américain affirmant être une nation souveraine au même titre que les Amérindiens.
L'organisation SITE de surveillance des mouvements extrémistes relève que le jeune Noir, très présent sur les réseaux sociaux, était associé "sur internet à plusieurs mouvements marginaux et adhérait à des théories du complot. Il avait aussi exprimé son opposition aux +manifestations pacifiques+".
Après la tuerie de Dallas, il a tweeté et publié des vidéos "prônant la violence comme moyen de combattre l'autorité". Ses tweets les plus récents s'en prenaient violemment aux Blancs.
"La violence n'est pas LA réponse (c'est une réponse), mais à quel moment te lèves-tu pour que les tiens ne deviennent pas les Amérindiens... EXTERMINES?", écrit-il sur Twitter le 13 juillet.
Au lendemain de la tuerie à Dallas, il s'était réjoui: "Le tireur n'est PAS BLANC, il est l'un des nôtres!".
Sur YouTube, il a publié également des vidéos dans lesquelles il parle des brutalités policières visant les Noirs.
Gavin Eugene Long vivait à Kansas City, soit à quelque 1.100 km au nord de Baton Rouge.
Il a servi cinq ans dans les Marines en tant que spécialiste des réseaux de données à partir d'août 2005, et a été déployé en Irak de juin 2008 à janvier 2009.
Il s'est marié en 2009 avant de divorcer en 2011. Il a par la suite entrepris des études de commerce à l'université de l'Alabama lors d'un seul semestre en 2012.
"Cette folie doit s'arrêter", a lancé la candidate démocrate à la Maison Blanche, Hillary Clinton, à propos des meurtres de Baton Rouge.
S'exprimant devant la NAACP, la plus grande organisation de défense des Noirs américains, elle s'est aussi engagée à "se battre pour des réformes" dans la police afin que cette dernière "rende des comptes".
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