Jeudi, 13h30: François Hollande se plie à la dernière interview du 14 juillet de son mandat. Le chef de l'Etat se pose en protecteur de la "maison France" et confirme la levée de l'état d'urgence.
15 juillet, 03h30 du matin: le même François Hollande s'adresse à la Nation après le carnage niçois (84 morts). Visage fermé, comme au soir du 13 novembre, il annonce réunir un Conseil de défense et sollicite finalement une nouvelle prolongation de l'état d'urgence.
Suit alors une séquence dramatiquement éprouvée: côté exécutif, deuil national de trois jours décrété, visite des blessés, soutien aux forces de secours et de sécurité. Côté opposition, dès les premières heures de la matinée, les critiques ont fusé, à commencer par celles d'Alain Juppé.
Après ce nouvel attentat, "il est vraiment difficile d'anticiper les évolutions de l'opinion", explique Frédéric Dabi, directeur général adjoint de l'Ifop. La popularité de François Hollande et de Manuel Valls va-t-elle remonter, de façon spectaculaire mais temporaire, comme en janvier et novembre 2015 ? Ou bien "l'opinion, après ce troisième attentat de masse, va-t-elle dire +ce gouvernement n'arrive pas à nous protéger+?".
Si Manuel Valls n'a jamais cessé d'avertir des risques de nouvelles attaques, le discours présidentiel du 14 juillet est à double tranchant. "Un des fils directeurs de cette intervention, c'était la protection: un président protecteur, la maison France à protéger", relève M. Dabi. Quelques heures avant un nouvel attentat sanglant.
- Caractère inédit de la présidentielle de 2017 -
Pour Jérôme Sainte-Marie, président de Pollingvox, l'évolution de l'opinion "dépendra de l'exécutif". Après une "forme d'agacement sur l'abus de pathos et de commémorations après le Bataclan (...) s'il a le même comportement, cela deviendra vite intolérable pour les gens" qui réclameront des "mesures fortes".
L'opposition semble, elle, avoir anticipé une exaspération de l'opinion. Vendredi, la fameuse "union nationale" n'a "pas durée une minute", relève M. Dabi.
Alain Juppé a été le premier de cordée, affirmant que "si tous les moyens avaient été pris", l'attentat niçois "n'aurait pas eu lieu". Les élus (LR) des Alpes-Maritimes Christian Estrosi et Eric Ciotti réclament des explications au gouvernement. Président de la commission d'enquête parlementaire sur les attentats, le député (LR) Georges Fenech a immédiatement dénoncé "l'impuissance de l'exécutif".
Nicolas Sarkozy a semblé plus mesuré, en appuyant d'emblée la prolongation de l'état d'urgence et en se dispensant d'accorder des interviews à chaud. Mais à la sortie d'un hommage rendu dans la cathédrale de Nice, il a estimé que le temps serait "bientôt" venu de "dire les choses".
"On ne voit pas comment l'opposition pourrait ne pas être offensive. Si elle ne le fait pas, elle livre littéralement son électorat au Front national", estime M. Sainte-Marie.
L'exécutif semble disposé à répliquer. Dès vendredi François Hollande a prévenu qu'il n'entendait pas s'"abaisser" aux "outrances" et aux "excès". Samedi matin, Stéphane Le Foll s'en est pris à M. Juppé, renvoyé à son "manque total de responsabilité", et a M. Fenech à qui il a opposé le bilan de la droite dans le domaine du renseignement et de la baisse des effectifs de sécurité.
Dans un tel contexte, l'élection présidentielle de 2017 revêt déjà un caractère inédit. "Cette campagne aura lieu dans un contexte ou la première préoccupation des Français n'est pas un contexte de crise, comme depuis 1974, mais la sécurité", souligne M. Dabi.
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