Objet du contrôle: débusquer des passeurs convoyant des migrants sur l'autoroute Budapest-Vienne. Rien à signaler, la camionnette peut reprendre sa route.
Au poste frontière de Nickelsdorf (est de l'Autriche), rien n'est plus tout à fait comme avant la crise migratoire de l'année dernière.
Durant l'été 2015, cette plaine couverte d'éoliennes avait vu passer des centaines de milliers de candidats à l'asile en Europe venus de pays du Moyen-Orient, d'Asie ou d'Afrique frappés par la guerre ou la misère.
Un an après, les frontières se sont refermées le long de la route des Balkans, le flux des arrivées a diminué, les passages de frontières sont redevenus clandestins, invisibles, mais restent nombreux.
Dans la région de Nickelsdorf, la police dit avoir intercepté cette année presque autant de migrants que sur la même période de l'année dernière, environ 4.300.
Nickelsdorf est à l'image de cet espace Schengen de libre circulation désormais ébranlé: les contrôles à la frontière rétablis en septembre sont entrés dans le quotidien des automobilistes.
Début juillet, ils ont même été renforcés, avec un doublement du nombre de policiers mobilisés sur cet axe où la circulation se densifie pendant la période estivale.
"La comparaison des chiffres de 2015 et 2016 montre que l'activité des passeurs est toujours bien présente", justifie Daniela Landauer, porte-parole de la police du Burgenland, la province autrichienne frontalière de la Hongrie.
Les autorités disent vouloir éviter une répétition du drame d'août 2015: la découverte des corps de 71 migrants dans le camion réfrigéré d'un passeur, abandonné sur la bande d'arrêt d'urgence de cette autoroute.
- Expulsés en Hongrie ?-
L'Autriche avait été l'an dernier la principale destination des demandeurs d'asile, avec l'Allemagne et la Suède. La décrue des arrivées est notable: le nombre de demandes d'asile dans le pays a baissé en juin de 60% sur un an.
Mais plus de 50.000 demandeurs d'asile sont bloqués en Grèce et beaucoup cherchent à quitter ce pays.
Comme Bashar, un Afghan de 22 ans, qui après avoir passé plusieurs mois à Athènes, a repris sa route vers l'Europe de l'ouest.
Arrivé en Autriche début juin, il a d'abord été intercepté en Hongrie où ses empreintes ont été enregistrées. Dans ce pays, il affirme avoir été victime de violences policières.
Cette semaine, l'organisation Human Rights Watch a fait état de plusieurs témoignages de migrants dénonçant des violences de la part des forces de sécurité hongroises.
"Je crains qu'on me renvoie là-bas", explique par téléphone le jeune homme, pour l'instant hébergé dans le centre d'accueil pour migrants d'un village de l'ouest de l'Autriche.
Vienne, qui avait suspendu les renvois vers la Hongrie depuis une décision de justice de septembre 2015 faisant état de "conditions inhumaines" dans ce pays, souhaite en effet reprendre cette pratique.
Le gouvernement multiplie les démarches auprès de Budapest pour que la Hongrie accepte de reprendre les demandeurs d'asile passés par son territoire, en vertu des règles européennes de l'asile.
Donnant-donnant, Vienne a annoncé jeudi que 20 soldats autrichiens iraient aider leurs homologues hongrois à contrôler leur frontière.
Parallèlement, le ministre de l'Intérieur autrichien Wolfgang Sobotka martèle la nécessité de présenter au Parlement un "décret d'urgence" qui permettrait de bloquer la plupart des migrants aux frontières autrichiennes, sans même leur accorder la possibilité de déposer une demande d'asile.
Pour 2016, Vienne s'est fixé un plafond de 37.500 demandeurs d'asile et en a enregistré à fin juin 22.135. M. Sobotka souhaite convaincre le chancelier social-démocrate Christian Kern d'anticiper ce plafond en déclenchant cette procédure très contestée.
Tous les demandeurs d'asile seraient refoulés, à moins de prouver qu'ils sont persécutés par le pays d'où ils arrivent, par exemple la Grèce ou l'Italie, où qu'ils ont déjà de la famille en Autriche.
A Nickelsdorf, des dizaines de bureaux de police préfabriqués pour examiner la situation des demandeurs d'asile sont en cours d'installation.
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