A cet endroit du mur, que le candidat à la Maison Blanche Donald Trump, qui devrait être investi par la convention républicaine s'ouvrant lundi, a promis de renforcer pour combattre l'immigration clandestine, on ne devine que des silhouettes.
Car la "linea", comme on l'appelle, a été doublée au niveau de la plage de Tijuana d'un grillage au maillage très dense qui colle aux piliers en fer. Accompagné de sa fille, son petit-fils et sa belle-fille, M. Salcido, un paysan de 80 ans, a revêtu des habits de fête pour ces retrouvailles.
La scène se répète chaque week-end avec des dizaines de familles à Tijuana (nord).
Si au Mexique, les piétons peuvent s'approcher du mur, il en va autrement aux Etats-Unis, où une seconde barrière, quelques mètres en amont, en empêche l'accès. Elle est ouverte le samedi et le dimanche par les gardes-frontière américains, qui permettent ces moments d'échange à travers le grillage et ferment les yeux sur la situation légale de ceux qui se pressent de leur côté.
"C'est un plaisir pour moi et pour elles. Ca y est, on l'a vu, on va pouvoir partir tranquilles", raconte cet homme sec et à la peau tannée par le soleil, originaire de Durango (nord). Dans les années 1950, il fut un des milliers de "braceros", de l'espagnol "brazo" (bras), partis travailler dans les champs américains, à une époque où le mur n'existait pas.
Mais la situation a bien changé : un tiers des 3.145 km de frontière entre les deux pays est désormais délimitée par des barrières métalliques, parfois doubles ou triples, de la tôle ondulée, des barbelés ou des parties murées.
Donald Trump a fait son entrée en campagne il y a un an avec une salve contre le Mexique, accusant le pays d'envoyer aux Etats-Unis des "violeurs", "criminels" et "trafiquants de drogue". Sa promesse de construire un mur à la frontière, aux frais du voisin du Sud, rythme depuis ses rassemblements.
- Un mur construit depuis 1994 -
Ses propos ont outré au Mexique, au point que le président Enrique Peña Nieto les avait comparés en mars à la "rhétorique stridente" qui avait précédé l'arrivée au pouvoir d'Adolf Hitler et Benito Mussolini.
Olga Soto, 36 ans, qui a longtemps vécu à San Diego, avant d'y laisser son fils de 15 ans, en 2012, espère que Donald Trump, s'il accède à la maison Blanche, ne reviendra pas sur ce moment privilégié pour les familles.
Sinon, "le seul espoir sera que mon fils arrange sa situation pour pouvoir sortir légalement" des Etats-Unis, espère-t-elle en approchant le haut-parleur de son téléphone du mur afin que David puisse entendre ses petites soeurs, rentrées au Mexique avec elle.
Un peu plus loin le long du mur, parsemé de dessins et d'inscriptions, Carmen Rosete fond en larmes lorsqu'elle rencontre à travers les petits trous ses deux petits-enfants.
"J'aimerais pouvoir les embrasser mais je ne peux pas", sanglote cette Mexicaine de 59 ans qui a tout vendu à Orizaba (état de Veracruz, ouest) pour déménager dans cette ville de la frontière.
Sa fille Liz, au Etats-Unis, est consciente que les choses pourraient empirer si Trump venait à s'imposer. "Je remercie Dieu car nous avons ceci", confie-t-elle à propos de ces instants.
Ce mur, qui plonge dans le pacifique, a commencé à être construit en 1994. Depuis, il n'a fait qu'être consolidé.
Mais les 21.000 agents américains équipés de drones et capteurs de mouvements n'empêchent pas les migrants mexicains ou d'Amérique centrale de continuer à tenter leur chance, en empruntant des chemins toujours plus périlleux.
Nombre d'entre eux meurent déshydratés en plein désert mais le mur a aussi ses propres victimes : le 16 juin, la Border Patrol de Nogales (Arizona) a retrouvé une femme, la nuque brisée, au pied de la barrière de 6 mètres.
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