Quelques heures après avoir confirmé la levée à la fin du mois du dispositif, qui facilite les perquisitions administratives et assignations à résidence, lors de son intervention du 14 juillet, le chef de l'Etat a fait marche arrière dès l'annonce du carnage survenu sur la promenade des Anglais.
"L'état d'urgence ne règle rien. Ca rassure, c'est tout. La force Sentinelle (qui mobilise entre 7.000 et 10.000 soldats depuis un an et demi, ndlr) ne règle rien non plus", a tranché quelques heures plus tard le député LR Georges Fenech, président de la commission d'enquête parlementaire sur les attentats de 2015.
Dans son rapport publié mardi, la commission préconise notamment la refonte des services de renseignement et des unités d'intervention, ainsi que le durcissement de l'arsenal juridique pour les personnes condamnées pour terrorisme.
Un argument repris vendredi par Alain Juppé (LR): "Si tous les moyens avaient été pris, le drame n'aurait pas eu lieu. Bien sûr qu'il faut faire plus, qu'il faut faire mieux. D'abord en ce qui concerne nos services de renseignement".
"Combien de policiers nationaux et municipaux protégeaient cet événement, là où nous réclamons des renforts depuis des mois?", s'est lui interrogé, Christian Estrosi, président LR de la région PACA, après la tuerie qui a fait au moins 84 morts.
Nicolas Sarkozy a pour sa part jugé "indispensable de prolonger l'état d'urgence", qui permet notamment d'assigner à résidence toute personne jugée "dangereuse pour la sécurité et l'ordre public" et d'ordonner des perquisitions à domicile de jour comme de nuit sans passer par l'autorité judiciaire.
Mais l'ancien chef de l'Etat demande aussi qu'il soit "utilisé pleinement" pour protéger les Français.
Et pour François Fillon (LR), "ça ne suffit pas", et "tous les éléments de notre droit" doivent être utilisés pour prévenir au maximum des attentats.
- "Effet de communication" -
A gauche, le PS défend la gestion du chef de l'Etat. Pour Bernard Poignant, maire de Quimper (PS), proche François Hollande, l'état d'urgence devait "être levé bientôt. On ne peut pas vivre éternellement dans l'état d'urgence".
Au-delà de la seule prolongation du dispositif, qui sera examinée la semaine prochaine en conseil des ministres puis au Parlement, la loi sur la procédure pénale promulguée en juin doit prendre à terme le relais de l'état d'urgence, en étendant notamment les possibilités de contrôle et d'assignation à résidence des individus soupçonnés de terrorisme.
Les écologistes mettent, eux, en garde contre les "dangers" de l'état d'urgence pour les "libertés fondamentales" et ne devraient pas voter sa prolongation. "Hélas, on constate que l'état d'urgence ne permet pas d'empêcher le drame qu'on a vécu hier", fait valoir le secrétaire national d'EELV, David Cormand.
Sur la même ligne, la Ligue des droits de l'Homme dénonce un "effet de communication": "L'état d'urgence, c'est vraiment fait pour gérer l'urgence (…) ce n'est pas un régime fait pour s'installer sur du moyen terme".
Lundi, la Défense avait annoncé que les effectifs de l'opération Sentinelle mise en place après les attentats contre Charlie Hebdo et l'Hyper Cacher en janvier 2015 seraient ramenés de 10.000 hommes durant l'Euro-2016 à 7.000.
Selon les chiffres de l'Intérieur, entre novembre 2015 et avril 2016, quelque 3.500 perquisitions ont été menées dans le cadre de l'état d'urgence, débouchant sur plus de 400 interpellations. Mais selon le député PS Sébastien Pietrasanta, rapporteur de la commission d'enquête, si les perquisitions administratives et assignations à résidence ont eu un effet dans un premier temps, il "semble s'être rapidement amenuisé".
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