"La question qui va déterminer l'avenir de Boeing dans les prochaines années est de savoir s'il peut battre Airbus", qui domine les commandes dans l'aviation civile, produit des avions depuis peu aux Etats-Unis et y convoite les juteux contrats militaires, résume Loren Thompson du Lexington Institute.
D'autant que l'avionneur européen, fondé en décembre 1970, "dicte désormais l'agenda de la technologie et de l'innovation dans l'aérien", renchérit Michel Merluzeau chez Frost & Sullivan.
Dans la défense, Boeing est exclu des deux plus importants programmes militaires américains: le bombardier du futur fabriqué par Northrop Grumman et l'avion de combat de nouvelle génération F-35 (Lockheed Martin). Il ne lui reste que l'avion ravitailleur KC-46, qui cumule les retards.
Pour limiter la casse, il devrait se renforcer dans les services de maintenance, un marché lucratif au moment où les budgets militaires sont en déclin, préconisent des analystes.
Longtemps en avance dans l'exploration spatiale, Boeing est confronté à une concurrence dans le lancement des fusées et satellites de communications avec l'émergence des sociétés comme SpaceX, qui non seulement innovent sur le plan technologique mais cassent également les prix.
"Si Boeing ne réduit pas drastiquement ses prix et n'allège pas sa structure il n'est pas certain qu'il reste un sérieux candidat sur ce créneau", avance Marco Caceres de Teal group.
Le fabricant du lanceur Delta vante son avance dans la construction: "Nous travaillons sur la première fusée qui va emmener l'homme vers Mars", a déclaré récemment au journal USA Today Dennis Muilenburg, le directeur général, ajoutant que celle-ci sera 50% plus grosse que la fusée lunaire Saturn V dont il avait fabriqué l'élément principal.
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Le climat politique aux Etats-Unis lui est aussi moins favorable: des élus cherchent à bloquer ses ventes d'avions à l'Iran, quelques mois seulement après avoir affaibli l'assureur-crédit public Export-Import bank souvent appelé "Banque de Boeing".
Il n'empêche, "Boeing reste une icône américaine, une icône mondiale", relève Richard Aboulafia chez Teal Group.
C'est "le premier à avoir conceptualisé d'une manière complète le design d'avions commerciaux qui ont transformé le paysage aéronautique et celui des compagnies aériennes", renchérit Michel Merluzeau.
En cent ans d'existence, le constructeur aéronautique qui a enregistré un chiffre d'affaires de plus de 96 milliards de dollars en 2015, dont 68% dans le civil, a imposé au grand public les noms à trois chiffres de ses avions.
Si le 737, le 757, le 767, le 777 et le 787 ont marqué l'histoire de l'aviation, c'est le 747, premier gros porteur, qui laissera une empreinte indélébile car il a démocratisé le transport aérien, résume M. Merluzeau. Il reconnait toutefois que le "génie" de Boeing à vendre une solution technique innovante a trouvé ses limites avec le "787 Dreamliner", l'avion en matériaux composites, véritable puits de pertes.
Rien ne laissait présager que l'entreprise lancée sans ostentation le 15 juillet 1916 à Seattle par William Boeing, deviendrait le plus gros exportateur américain.
Boeing a dû se séparer de son fondateur en 1934 en pleine Grande dépression, un divorce qui lui a permis d'instaurer une culture d'entreprise lui ayant évité de connaître le triste sort de ses rivaux d'alors (Consolidated-Vultee, North American Aviation, Curtiss-Wright et Douglass).
La deuxième guerre mondiale a été un "moment charnière", avance Loren Thompson, parce qu'elle a fait de Boeing le principal fabricant des bombardiers pour l'Armée américaine: les fameux B-17 et B-29.
Cet héritage va s'étendre après la guerre avec le B-47 mais c'est le B-52 qui "donnera (à Boeing) son empreinte industrielle, ses capacités technologiques et de production", souligne Michel Merluzeau.
La guerre froide lui a en outre permis de bénéficier de contrats garantis avec le Pentagone. Le groupe en a profité pour développer les versions commerciales des avions militaires tel le 757, survivre au choc pétrolier, se diversifier et avaler des rivaux dont McDonnell Douglas en 1996.
Mais outre Airbus, Boeing doit aussi compter aujourd'hui avec la concurrence de "petits" concurrents étrangers tels le canadien Bombardier et le chinois Comac, aux ambitions affichées
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