18 blessés sont toujours en "urgence absolue", selon le dernier bilan du ministère de l'Intérieur
Huit mois après les attaques jihadistes commises en novembre 2015 à Paris et Saint-Denis, le président de la République François Hollande a évoqué, quelques heures après les faits, "une attaque dont le caractère terroriste ne peut être nié", annonçant la prolongation de trois mois de l'état d'urgence, qui devait s'achever le 26 juillet. Il est attendu à Nice vendredi en compagnie du Premier ministre Manuel Valls, qui a évoqué dans la nuit une "immense douleur".
Sur la Promenade des Anglais, qui était fermée à la circulation en ce soir de 14 juillet, les témoins de l'attaque, dont un journaliste de l'AFP présent sur place, Robert Holloway, ont décrit des scènes de panique lorsque le camion a fendu la foule, composée notamment de nombreuses familles.
Autour, "c'était le chaos absolu", "des gens hurlaient", a décrit Robert Holloway, qui assistait aux festivités du 14 juillet dans cette ville de la Côte d'Azur. "Nous avons vu des gens touchés et des débris voler partout", a-t-il encore raconté, ajoutant qu'il avait très vite compris, que la "trajectoire en ligne droite" d'un camion de cette taille ne pouvait être que la résultat d'un "acte totalement délibéré".
-Une grenade inopérante et des armes factices-
Plusieurs personnes ont enjambé le parapet de la promenade pour se jeter en contrebas sur la plage et échapper au véhicule, dont la course longue de quelque 2 km s'est arrêtée non loin du Palais de la Méditerranée, pneus crevés et pare-brise criblé de balles. Son chauffeur a été abattu par les forces de l'ordre.
"Au moment où il a été abattu par les policiers, il avait fait feu plusieurs fois", a souligné le premier adjoint LR de la ville de Nice et président de la région Paca, Christian Estrosi
Selon une source proche des enquêteurs, une grenade "inopérante" et des "armes longues factices" ont été retrouvées à bord du camion de 19 tonnes. M. Estrosi avait auparavant évoqué le fait que le chauffeur du camion était en possession d'armes "lourdes".
Des papiers d'identité au nom d'un Franco-Tunisien de 31 ans, domicilié à Nice, ont été retrouvés à l'intérieur du camion mais l'identification formelle du chauffeur n'avait toujours pas été confirmée à l'aube vendredi. Selon une source policière, l'homme figurant sur ses papiers est seulement connu pour des faits de droit commun.
Parmi les dizaines de morts figurent plusieurs enfants, a précisé M. Hollande.
A ce lourd bilan, s'ajoutent des dizaines de blessés, dont 18 se trouvaient "en état d'urgence absolue", selon le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve, qui s'est rendu sur place dans la nuit.
De nombreuses zones de la ville ont été bouclées au cours de la nuit de jeudi à vendredi dans une ville dont les rues se sont peu à peu vidées de leurs habitants, appelés par les autorités à rester chez eux, notamment le temps de déterminer si le chauffeur avait agi seul.
Le long de la Promenade des Anglais, des dizaines de corps étaient étendus, recouverts parfois d'un simple drap.
L'enquête sur cet attentat, qui n'avait pas été revendiqué vendredi matin, a été confiée à la section antiterroriste du parquet de Paris.
- Condamnations unanimes -
Cette attaque replonge le pays dans une ambiance lourde, en plein coeur des congés d'été, après la parenthèse d'un Euro de football au cours duquel les Bleus se sont illustrés en allant jusqu'en finale et qui s'est achevé le 10 juillet sans incident majeur et surtout sans attentat, malgré les craintes qui l'entouraient.
Ce nouvel attentat confirme que la menace terroriste est toujours très élevée en France, un pays notamment visé par les jihadistes pour son intervention contre l'organisation Etat islamique en Syrie. Le chef de l'Etat, qui réunira un conseil restreint de sécurité et de défense vendredi à 09H00, a déjà annoncé un "renforcement" de l'action de la France en Irak et en Syrie.
L'attentat commis à Nice est le plus important commis en Europe depuis les attentats qui ont fait 130 morts le 13 novembre 2015 à Paris et 32 morts le 22 mars 2016 à Bruxelles, commis par le même réseau du groupe Etat islamique.
Il a suscité une vague de réactions indignées dans le monde, le président américain Barack Obama assurant la France, "notre plus vieil allié", de sa "solidarité". Son secrétaire d'Etat John Kerry, qui avait assisté jeudi matin au défilé du 14 juillet à Paris a de son côté fustigé une "attaque affreuse (...) contre des personnes innocentes durant un jour qui célèbre la liberté, l'égalité et la fraternité".
Le cabinet de la nouvelle Première ministre britannique Theresa May s'est dit "très choqué et inquiet" et les 15 pays membres du Conseil de sécurité de l'ONU ont condamné une "'attaque terroriste barbare et lâche".
En France, le Conseil français du culte musulman (CFCM) a lui aussi condamné avec "la plus grande vigueur" l'attentat.
Avant les attentats de novembre 2015, la France avait déjà basculé dans l'ère de la violence jihadiste en janvier 2015 lors des attaques qui avaient visé l'hebdomadaire satirique Charlie Hebdo et un supermarché casher à Paris, et qui avaient fait 17 morts. Plusieurs autres tentatives ont aussi été déjouées depuis.
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