Il s'est exprimé peu après l'annonce par la Première ministre Theresa May de son entrée au gouvernement dominé par les pro-Brexit.
"Il y a une différence énorme entre le fait de quitter l'UE et nos relations avec l'Europe qui vont s'intensifier", a déclaré devant son ministère Boris Johnson, qui a été le fer de lance de la campagne en faveur de la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne lors du référendum du 23 juin.
"Bien sûr nous allons appliquer la volonté de la population lors du référendum, mais cela ne veut aucunement dire quitter l'Europe", a-t-il déclaré.
Investie mercredi, moins de trois semaines après le vote en faveur du Brexit, Mme May, 59 ans, a promis "la justice sociale" en s'engageant à "relever le défi du Brexit", un divorce que les dirigeants européens la pressent de mettre en oeuvre rapidement.
Le Brexit constitue une mission titanesque pour le nouvel exécutif, qui devra rapidement répondre aux exigences de ses voisins européens, tout en tenant la barre d'un pays profondément divisé et exposé aux turbulences économiques.
"Plus tôt la Première ministre Mme May engagera la procédure de sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, meilleure sera la relation future entre l'Europe et le Royaume-Uni et meilleure sera notre propre situation", a souligné le président français François Hollande.
La 54e chef du gouvernement britannique, première femme à ce poste depuis Margaret Thatcher, est une eurosceptique qui avait rejoint le camp du maintien dans l'UE pendant la campagne référendaire.
Signe du travail à accomplir, Mme May a créé un ministère spécialement dédié au Brexit, mais c'est surtout la désignation aux Affaires étrangères de Boris Johnson - connu pour ses impairs diplomatiques - qui a retenu l'attention.
Le choix de Mme May de lui confier ce poste est, selon le ministre des Affaires étrangères français Jean-Marc Ayrault, "révélateur de la crise politique britannique".
"Dans la campagne, il a beaucoup menti aux Britanniques", a-t-il dit. Maintenant, a-t-il poursuivi, il faut "se mettre dans les conditions les meilleures pour que la sortie de l'Union européenne par la Grande-Bretagne se fasse dans les bonnes conditions".
Réagissant à ces propos, Boris Johnson a répondu que M. Ayrault lui avait "envoyé une lettre charmante (...) en me disant qu'il était impatient de travailler avec moi".
M. Johnson s'est entretenu au téléphone avec son homologue américain John Kerry, qui lui a affirmé que la relation entre les deux pays restait "essentielle", mais aussi pour appeler à une "approche délicate et mesurée du processus du Brexit".
- "Nouveau Premier ministre, mêmes problèmes" -
Pour l'expert politique Simon Usherwood, si "BoJo" devra certainement présenter "quelques excuses", en tant que "VRP britannique, il va faire un boulot formidable".
Continuant de former son cabinet, Theresa May s'est débarrassée de deux poids lourds du gouvernement de David Cameron, l'ex-ministre des Finances George Osborne, remplacé par Philip Hammond, et Michael Gove, ancien ministre de la Justice et l'un des ténors de la campagne du Brexit.
Et elle a nommé Andrea Leadsom, autre figure du camp pro-brexit, un temps sa rivale dans la course à Downing Street, au poste de ministre de l'Environnement, de l'Alimentation et des Affaires rurales.
Fille de pasteur, réputée pour sa pugnacité, mais aussi pour une certaine froideur, Theresa May a succédé à David Cameron, balayé par la tempête du référendum qu'il avait lui-même décidé d'organiser.
Dans un éditorial intitulé "Nouveau Premier ministre, mêmes problèmes", le quotidien The Guardian résumait jeudi les défis qui attendent Mme May: "Pas d'argent, pas de franche majorité et une grosse migraine: l'Europe".
Sur le front économique, le nouveau ministre des Finances, Philip Hammond (ex-Affaires étrangères), a assuré qu'il n'y aurait pas de budget d'urgence, et donc pas de nouvelles mesures d'austérité.
Interrogé par la BBC quant à l'attitude qu'il adopterait vis-à-vis de Bruxelles dans les complexes négociations qui s'annoncent avec l'UE, M. Hammond a insisté sur l'importance de maintenir un "accès au marché unique de l'Union européenne" pour la puissante industrie financière britannique.
M. Hammond, dont l'expérience a semblé rassurer les marchés, a rencontré jeudi le secrétaire d'Etat américain au Trésor Jack Lew à Londres.
La Banque d'Angleterre (BoE) a maintenu de son côté son taux d'intérêt à 0,50%, malgré le Brexit, mais la plupart des membres de son comité de politique monétaire s'attendent à un assouplissement en août.
De nombreux investisseurs avaient anticipé un assouplissement monétaire, ce qui a conduit la livre à monter franchement face au dollar et à l'euro après cette décision. La Bourse de Londres a elle terminé en légère baisse jeudi (-0,24%).
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