"C'est moi qui ait fait partir ce train, c'est moi qui ait levé le disque vert, il y avait de la confusion, les trains étaient en retard", a déclaré Vito Piccarreta, le chef de la gare d'Andria, cité par les médias. Deux trains de passagers circulant à grande vitesse sur la même voie se sont heurtés de front mardi matin dans région du sud-est de la péninsule. La violence du choc a pulvérisé les wagons de tête, faisant 23 morts et 52 blessés.
"Mais ce n'est pas seulement ma faute, tout le monde me jette la pierre, mais je suis moi aussi une victime", a-t-il ajouté.
"Nous souffrons avec les familles qui ont perdu leurs proches, mais tout ne peut pas retomber sur nos seules épaules", a dit sa femme Giuseppina.
L'accident s'est produit sur un tronçon de voie unique sur laquelle un convoi ne peut s'engager que si les chefs de gare des deux villes se mettent téléphoniquement d'accord pour laisser passer un train dans une direction ou dans l'autre.
Dès mercredi, Massimo Mazzilli, maire de Corato, affichait sa certitude: "la responsabilité dans un événement pareil est sûrement attribuable à une personne, car cela n’aurait pas pu arriver autrement".
Selon une reconstruction du quotidien La Stampa, trois trains, un de plus que d'habitude, auraient dû passer sur ce tronçon, et le deuxième train passé, le chef de gare d'Andria a commis l'erreur et fait partir le train à l'origine de la collision.
Mais le chef de gare de Corato, Alessio Porcelli, est lui aussi dans le collimateur de la justice car il aurait dû se rendre compte, grâce aux instruments dont il dispose, qu'un train arrivait en direction opposée de celui qui venait de quitter sa gare.
M. Porcelli était à quelques mois de la retraite quand l'accident s'est produit. Il a été suspendu par sa société.
- Une enquête complète -
Le parquet de Trani, en charge de l'enquête assure que sa recherche de la vérité ne s'arrêtera pas au seul personnel des gares mais examinera aussi les causes des retards accumulés dans la modernisation de ce tronçon, alors que les financements étaient disponibles.
"Nous ne nous arrêterons pas aux données évidentes, aux solutions simples. Nous chercherons toutes les responsabilités, y compris celles de natures diverses", a affirmé le procureur de Trani, Francesco Giannella.
Le chef de l'Autorité nationale anti-corruption (ANAC), Raffaele Cantone, a pointé du doigt une maladie endémique italienne, la corruption, qui rend plus difficile la réalisation des infrastructures nécessaires, sans se prononcer sur le cas concret de l'accident dans les Pouilles.
"La tragédie est probablement le fruit d'une erreur humaine, la magistrature se chargera d’établir les faits, mais elle est certainement aussi la conséquence d'un vieux problème de notre pays, celui de réaliser des infrastructures adaptées. Et une des raisons de ces difficultés est justement la corruption", a déclaré M. Cantone.
L'Italie redécouvre aussi que des milliers de kilomètres de son réseau ferré sont à voie unique, et qu'une partie de ce réseau souvent local ou régional fonctionne encore avec l'intervention du chef de gare qui donne son feu vert après un coup de téléphone à son collègue.
"Essayer de rendre un chef de station responsable de tout ce qui s'est passé est franchement inacceptable. Si les systèmes de contrôles et d'alerte dûs avaient été installés, tout cela ne se serait pas produit", a déclaré l'association des consommateurs Codacons.
Mais pour le ministre des Transports Graziano Delrio, le problème n'est pas forcément celui de la voie unique ou du contrôle par téléphone. Sur le tronçon de l'accident, a-t-il rappelé mercredi devant le Parlement, ce système fonctionne depuis 60 ans et au cours des dix dernières années, l'intensité du trafic a toujours été la même sans jamais qu'il y ait eu un accident. Jusqu'à mardi.
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