En métropole, en opérations extérieures, dans les DOM-TOM, prépositionnés à Djibouti ou Abidjan... Au total, la mobilisation touche plus de 30.000 militaires et les trois armées sont "au taquet", affirme leur chef, le général Pierre de Villiers.
La France est "en guerre", résume le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian, pointant "une rupture grave et sans nul doute durable" avec la situation qui prévalait depuis la chute de l'URSS.
Dans la foulée des attentats de 2015, l'armée de Terre a engagé un effort sans précédent depuis les années noires de la guerre d'Algérie, mobilisant 10.000 soldats en permanence sur le territoire national.
L'opération, baptisée Sentinelle, pèse sur les régiments, qui manquent de temps pour s'entraîner, et sur le moral des soldats, absents jusqu'à 230 jours par an.
Pour une commission d'enquête parlementaire sur les attentats, le déploiement de militaires n'a cependant qu'"une portée limitée sur la sécurité nationale".
Ce constat semble être partagé par les militaires qui choisissent le métier des armes avant tout pour les "Opex" (opérations extérieures). Ils comprennent ainsi assez mal les missions statiques devant des lieux de culte ou des écoles dans lesquelles leur savoir-faire est peu mis à contribution.
Pour les députés Olivier Audibert Troin (LR) et Christophe Léonard (PS), la mission Sentinelle devrait retrouver son format prévu dans le contrat des armées, à savoir 7.000 hommes et 10.000 seulement sur un mois.
- Davantage de forces spéciales -
Ils demandent aussi une "juste compensation financière" des soldats afin de rendre l'opération Sentinelle "plus attractive" et de mieux "fidéliser" des engagés généralement peu enclins à renouveler un premier contrat de cinq ans (seuls 30% le font).
Vingt ans après le coup d'envoi de la professionnalisation des armées, l'engagement de la jeunesse est aussi au coeur de ce 14 juillet.
"Avant, on avait une armée de régiments professionnels (légionnaires, troupes de marine, etc...) et une armée d'appelés, l'arme au pied, qui offrait +les poitrines face aux hordes soviétiques+", résume l'amiral retraité Alain Coldefy, expert à l'Institut des Relations internationales et stratégiques (IRIS).
Aujourd'hui, "les effectifs ont été en gros divisés par deux mais il faut les payer davantage, les équiper normalement, donc cela coûte cher", ajoute-t-il.
Au lendemain des attentats de 2015, les demandes d'engagement ont grimpé en flèche, offrant un vivier de recrutement plus large, soit deux candidats pour un poste. Après des années difficiles, l'armée de Terre va recruter 15.000 personnes en 2016 pour la mission Sentinelle.
Parmi les autres secteurs qui bénéficient de moyens accrus pour mener la guerre contre le terrorisme figurent les services de renseignement et les forces spéciales. Aujourd'hui, "les forces spéciales, ce sont 4.000 personnels, plusieurs dizaines d’hélicoptères et des capacités aériennes permanentes", note l'ex-commandant des opérations spéciales (COS), le général Grégoire de Saint-Quentin.
Le Renseignement militaire (1.700 hommes) se muscle aussi avec le recrutement à venir de 400 personnes, l'acquisition d'avions légers de surveillance, de drones et le développement de technologies de pointe pour recouper des masses d'informations exponentielles.
A l'étranger, la France mettra fin cette année à son opération en Centrafrique, après l'élection d'un nouveau président. Elle n'y maintiendra que 350 hommes, contre 2.500 au plus fort de la mission Sangaris.
Au Mali, l'armée française, intervenue en 2013 pour stopper l'offensive jihadiste vers Bamako, a dû accroître sa présence au nord, après une série d'attaques contre les forces de l'Onu. "Il faut rejouer au gendarme et au voleur au nord de Kidal", concède une source militaire, tout en estimant que les jihadistes sont incapables d'y reconstituer leurs sanctuaires.
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