Le chef de l'Etat, qui doit s'exprimer jeudi à l'occasion de la fête nationale, peut difficilement ignorer l'inventaire critique de son quinquennat amorcé par son jeune ministre de 38 ans à dix mois de la présidentielle.
"Il est temps que ça s'arrête", avait lâché mardi le Premier ministre Manuel Valls, quelques heures avant le meeting du trublion de son gouvernement.
"Il sera, en effet, difficile à Emmanuel Macron de rester plus longtemps dans un gouvernement dont il s'est définitivement désolidarisé", estime mercredi le quotidien régional L'Alsace, résumant l'opinion de l'ensemble des médias.
L'ambiance s'annonce tendue lors du conseil des ministres qui se tient mercredi.
Mardi soir, devant un public plutôt jeune et éduqué, Emmanuel Macron a "remercié" François Hollande de l'avoir nommé au gouvernement en août 2014. Mais il a épinglé en creux sa conduite des affaires, décrivant un pays "usé par les promesses non tenues".
Evoquant ses deux années au gouvernement, il a regretté de ne pas avoir pu conduire toutes les réformes qu'il aurait souhaitées. "J'ai constaté à quel point le système ne voulait pas changer. Je n'ai pas réussi à faire certaines choses", a-t-il dit.
Il a affirmé sa volonté d'"écrire une nouvelle histoire" dans un monde bouleversé par les mutations technologiques.
- 'Macron président' -
Le mouvement qu'il a lancé, baptisé "En Marche!", "nous le porterons ensemble jusqu'à 2017 et jusqu'à la victoire", a-t-il assuré, sans toutefois franchir le Rubicon de l'annonce de sa candidature. Ses partisans l'ont fait pour lui, scandant "Macron président!" avec enthousiasme.
Alors que la gauche est à bout de souffle après quatre ans de pouvoir socialiste, Emmanuel Macron a revendiqué l'héritage de cette "famille" politique et présenté les deux "piliers" d'un programme futur: "libérer le pays" de ses pesanteurs économiques et assurer des "filets de sécurité" pour sa population.
Et il a affiché son ouverture sur les questions de société (identité nationale, laïcité), se démarquant de Manuel Valls qui souhaite interdire le port du voile à l'université.
Si M. Macron bénéficie du soutien de quelques élus ou anciens ministres socialistes, sa sortie du bois irrite nombre de ses collègues. "Quand on est ministre, on parle au présent, on agit, on ne pense pas au futur", a réagi mercredi matin le ministre de la Justice Jean-Jacques Urvoas, un proche du chef du gouvernement.
Et à défaut de pouvoir critiquer ces orientations encore en pointillé, les commentaires se concentraient mercredi sur la posture "anti-système" de l'ambitieux jeune haut fonctionnaire formé dans les écoles de l'élite et passé à la banque Rothschild. "J'ai trouvé un peu facile les critiques anti-système, quand on est totalement du système", a lancé la ministre écologiste du Logement Emmanuelle Cosse.
Emmanuel Macron s'est aussi attiré les foudres de la gauche de la gauche. Quelque 200 personnes étaient venues mardi soir manifester à l'entrée du meeting pour conspuer les participants aux cris de "les bourgeois, les banquiers, c'est par là".
Selon le quotidien communiste L'Humanité, "il n'aura offert qu'un médiocre spectacle de tout ce que la communication politique peut faire de pire".
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