Alors qu'en France 15% des jeunes partaient encore en colonies de vacances en 1995, ce taux a chuté de moitié, selon le ministère de la Jeunesse et des Sports qui a lancé il y a deux ans un "plan de soutien" en direction des collectivités locales et des grands comités d'entreprise.
Mais, dans un contexte de restriction budgétaire, "si on additionne le coût de fonctionnement, d'entretien, de mise aux normes et de gardiennage, mieux vaut vendre et passer par un prestataire", explique-t-on à la mairie de Drancy (Seine-Saint-Denis). Et puis, il "faut s'adapter: le feu de camp, ça fait de bons souvenirs, mais il faut offrir plus de choix".
Fini le temps de l'Internationale entonnée dans le train du départ et des portraits de l'ex-dirigeant communiste Maurice Thorez sur les murs des dortoirs. Circuit itinérant Canada-USA, "Parfum d'Asie", "Passion Baléares", stage de parapente: le catalogue des séjours proposés par cette municipalité jadis communiste mais UDI depuis 2001, entend désormais faire rêver.
Mais pour le militant socialiste Fouad Ben-Ahmed, il ne faut pas se fier "aux beaux catalogues". "Les entreprises privées font des économies sur la qualité des encadrants et du personnel. Ils font de l'occupationnel et mettent la gomme les trois derniers jours", dénonce celui pour qui des activités aussi simples que "marcher en forêt ou choper des papillons" font les meilleurs souvenirs.
Pour cet ancien "colon" et animateur, vendre son patrimoine immobilier de loisirs est "un vrai choix politique" qui consacre une "forme de désengagement des mairies par rapport à leur responsabilité éducative". Car, contrairement aux idées reçues, le loisir n'est pas à ses yeux "un moment où on peut faire n'importe quoi" mais "construit l'enfant: les séjours de vacances, c'est aussi important que l'école".
- "Droit aux vacances" -
Le principe de l'éducation populaire, c'est que l'enfant apprend tout le temps, "depuis son lever jusqu'à son coucher, quand il joue, quand il mange, etc.", confirme Brahim Chikhi. L'été venu, cet ingénieur dirige bénévolement en Dordogne un centre de vacances de la ville de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis).
Inutile de convaincre David Proult, adjoint PCF à l'Enfance à Saint-Denis, de la nécessité de conserver ses sept centres, à la mer ou à la montagne, qui emploient 330 personnes dont 220 animateurs. "Le droit aux vacances reste un combat, en particulier dans une ville comme Saint-Denis où beaucoup de familles ne peuvent pas partir."
Même discours à Nanterre, où son homologue socialiste Zacharia Ben Amar affirme que le coût des cinq centres de cette commune des Hauts-de-Seine - le premier a ouvert en 1935 - n'a "jamais fait l'objet de critique de l'opposition".
Mais, "perte de l'habitude du séjour collectif" ou "peur de l'accident", les colos connaissent une baisse continue de fréquentation, "surtout chez les classes moyennes", constate David Proult.
Pour ces deux villes survivantes du communisme municipal, le seul moyen de rentrer dans leurs frais est de "maximiser l'utilisation de ces structures" en les louant pendant l'année pour des stages de formation, des weekends d'intégration ou des mariages.
Mais aussi de s'adresser à d'autres publics. "Les gens veulent de plus en plus partir en famille", note l'élu de Nanterre.
L'avenir? "Que des villes gèrent des centres en commun, d'abord pour faire des économies, ensuite pour que les gens se rencontrent: si on pouvait faire un centre avec Neuilly", ville cossue de l'ouest parisien, "ce serait un beau message".
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