Une pluie de roquettes rebelles et des raids aériens du régime ont tué au moins 22 civils et détruit des maisons des deux côtés de la cité septentrionale.
A Rome, le médiateur de l'ONU en Syrie Staffan de Mistura a estimé que le moment était "crucial". "Entre maintenant et septembre nous avons une fenêtre encore ouverte" pour aboutir à une transition politique et vaincre les jihadistes, a-t-il déclaré.
Washington a par ailleurs annoncé lundi que le secrétaire d'Etat John Kerry se rendrait à Moscou cette semaine pour tenter de trouver un terrain d'entente sur la crise syrienne.
Deuxième ville de Syrie et l'un des principaux enjeux de la guerre, Alep est divisée depuis 2012 entre quartiers aux mains du régime à l'ouest et quartiers contrôlés par les groupes rebelles à l'est.
Le 7 juillet, les forces prorégime, qui cherchent à assiéger totalement les quartiers rebelles, sont parvenues à couper la route dite du Castello, dernier axe de ravitaillement vers ces quartiers.
"Les rebelles ont lancé une vaste offensive sur quatre fronts contre les prorégime à Alep, notamment dans la vieille ville", a affirmé l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Les rebelles ont tiré quelque 300 roquettes sur les secteurs ouest d'Alep, tuant au moins neuf civils, et on fait exploser un tunnel dans la vieille ville, tuant 19 soldats, selon l'OSDH.
Treize civils ont également été tués dans des raids aériens contre les quartiers rebelles lundi, la plupart dans le quartier de Bab al-Maqam, près de la ligne de front, a ajouté l'OSDH.
- Les roquettes 'pleuvent' -
La maison d'Ahmed, un habitant du quartier des Syriaques dans le secteur gouvernemental, a été complètement détruite. "Les roquettes ont commencé à pleuvoir sur les quartiers ouest à partir de 04H30 (01H30 GMT)".
"Les bombardements sur les quartiers ouest sont toujours en cours, le bruit est très fort", affirme Ahmed.
Les rebelles ont recours à "l'artillerie lourde et toutes sortes d'armes à feu" dans une offensive qui "vise à réduire la pression" sur le front de la route du Castello, a indiqué Mahmoud Abou Malak, porte-parole d'un groupe rebelle à Alep.
La veille, une contre-attaque des insurgés pour repousser les forces du régime loin de la route du Castello a échoué. Au moins 29 combattants du groupe rebelle islamiste Faylaq al-Cham et de son allié du Front Al-Nosra (branche syrienne d'Al-Qaïda) avaient été tués.
Ces violences interviennent malgré la trêve décrétée par le régime de Bachar al-Assad à l'occasion de la fête musulmane du Fitr et renouvelée samedi pour 72 heures. Dans les faits, le régime a poursuivi son offensive visant à encercler Alep, ainsi que ses bombardements sur les localités rebelles ailleurs dans le pays.
- 'Très peu de légumes' -
Les forces prorégime se trouvent à moins de 500 mètres de la route du Castello au nord d'Alep et peuvent tirer sur toute personne ou tout véhicule empruntant cet axe utilisé par les civils comme les rebelles.
La route est ainsi de facto coupée. Le régime tente d'avancer pour la reprendre et assiéger ainsi totalement les quartiers rebelles où vivent quelque 200.000 personnes.
L'arrêt de tout ravitaillement depuis quelques jours se fait déjà sentir, les produits de première nécessité et le carburant devenant de plus en plus difficiles à trouver.
"Il y a très peu de légumes aujourd'hui car la route du Castello est coupée", soupire Abou Mohamed, un vendeur.
Selon l'ONU, près de 600.000 personnes vivent dans des zones assiégées en Syrie, dans la plupart des cas par le régime, sans accès à la nourriture ni à une aide médicale.
Ailleurs en Syrie, 17 civils ont péri dans des frappes dont 14 dans la localité de Tarmanine, dans la province d'Idleb (nord-ouest), a indiqué l'OSDH sans pouvoir dire s'il s'agissait de raids de l'aviation du régime ou de celle de l'allié russe.
Lundi également, des combattants du groupe jihadiste Etat islamique ont fait une incursion dans la cité antique de Palmyre pour la première fois depuis qu'ils en ont été chassés par les forces du régime en mars, selon l'OSDH.
"Les combattants qui s'étaient infiltrés dans la ville ont été tués. L'attaque a échoué. Au moins cinq soldats du régime ont péri dans les combats", a indiqué le directeur de l'OSDH Rami Abdel Rahman.
Déclenchée en 2011, la révolte en Syrie contre le régime s'est transformée en guerre dévastatrice dans laquelle sont maintenant impliqués une multitude d'acteurs locaux, régionaux et internationaux. Le conflit a fait plus de 280.000 morts et des millions de déplacés et réfugiés.
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