Le coup est passé tout près. François Hollande, qui reçoit lundi les Bleus à déjeuner, ne goûtera pas des joies dignes de la garden-party de l'Elysée de 1998, quand Jacques Chirac eut le privilège de brandir, lapsus à l'appui, "la coupe de France... la coupe du Monde, pardon", entouré de la bande victorieuse d'Aimé Jacquet.
Pas non plus de nuit d'ivresse sur les Champs Elysées, ni d'été festif à rallonge. Ni même, probablement, de regain de croissance comme en 1998 (3,6%) qui reste la meilleure année française à cet égard depuis un quart de siècle.
Mais avant même le coup d'envoi de la finale, le chef de l'Etat avait affiché sa satisfaction. "C'est déjà une victoire pour la France parce qu'il y a eu une très belle organisation", a-t-il salué depuis les tribunes du Stade de France, remerciant "les supporters", "les bénévoles et le forces de sécurité".
Le défi, en effet, était de taille. Secouée par des attaques terroristes sans précédent en 2015, la France était sur les nerfs pour accueillir ces 51 matches, 32 délégations et environ 1,5 millions de supporteurs étrangers.
Le 13 juin, trois jours après le lancement de la compétition, un policier et sa compagne étaient assassinés à Magnanville (Yvelines) par un homme se revendiquant de l'organisation Etat islamique et promettant de faire de l'Euro "un cimetière".
François Hollande a d'ailleurs "dédié" la finale à Manuel Dias, un Franco-portugais de 63 ans qui fut la première des 130 victimes des attentats de novembre, frappé par un kamikaze aux alentours du Stade de France.
Autour des stades et des fan zones, malgré les hooligans russes à Marseille et quelques incidents dimanche à Paris, le dispositif de sécurité a globalement tenu. Preuve, selon les autorités, que la France, qui rêve des jeux Olympiques en 2024 à Paris, est capable malgré le contexte d'accueillir de grandes manifestations internationales, comme lors de la COP21 en décembre.
- "Fermer leur caquet" -
Depuis une semaine, les membres du gouvernement ne se privent d'ailleurs pas de rappeler à la droite l'intense polémique qu'une partie de ses membres avait initiée sur l'opportunité des fan zones. Nicolas Sarkozy ne les jugeait "pas adaptées" en période d'état d'urgence et son bras droit, Frédéric Péchenard, avait même demandé la suppression du site parisien qui offrait "une possibilité de faire un attentat-massacre" sous la tour Eiffel.
"Les fan zones sont les endroits les plus sécurisés pour les supporters". "La prochaine fois, il leur faudra fermer leur caquet", avait rétorqué à l'AFP le secrétaire d'Etat aux Sports Thierry Braillard.
Son ministre de tutelle Patrick Kanner a quant à lui ostensiblement rendu hommage à Alain Juppé, président de l'association des villes hôtes de l'Euro et principal rival à droite de Nicolas Sarkozy.
La présidentielle n'étant jamais loin, Manuel Valls n'avait pas hésité, après la victoire contre l'Allemagne, à filer la métaphore avec ces Bleus qui "n'étaient pas favoris" mais qui "ont joué leur partie avec leur style, sans complexe et avec un sacré mental". "Moi, je ne crois absolument pas que tout est joué" pour 2017 malgré des sondages en berne pour l'exécutif, a-t-il lancé.
Au plan économique, les retombées de l'Euro en France avaient été évaluées à 1,2 milliards d'euros par le centre d'économie et de droit du sport (CDES). De quoi appuyer le "ça va mieux" martelé par François Hollande. Mais le retour dans l'arène politique sera immédiat pour le chef de l'Etat, qui donne jeudi la dernière interview du 14 juillet de son quinquennat.
Sur le plan social, la loi travail revient à l'Assemblée en vue d'une adoption définitive le 20 juillet. Mais les syndicats opposés au texte, qui avaient pesé de tous leur poids (grève éboueurs, transports) avant le début du tournoi, ont d'ores programmé de nouvelles actions en septembre. Un autre match serré qui se conclura en prolongations.
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